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La Gambie s'engage sur la voie de la réconciliation

Omar Wally
15 octobre 2018

Le pays met en place une commission "Vérité, Réconciliation et Réparations" pour faire la lumière sur les crimes commis sous le régime de l'ex-président Yahya Jammeh.

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Yahya Jammeh a gouverné la Gambie d'une main de fer jusqu'à son départ forcé en décembre 2016
Yahya Jammeh a gouverné la Gambie d'une main de fer jusqu'à son départ forcé en décembre 2016Image : picture-alliance/AP/dpa/J. Delay

La commission composée de onze membres a pour mission de mettre en lumière tout sur les exécutions sommaires, les disparitions, la torture, les viols et autres crimes commis sous le régime de l'ex-président Yahya Jammeh.

S'inspirant des enquêtes menées en Afrique du Sud lors de la période de l'Apartheid, la commission travaillera sur des témoignages de victimes de 22 ans d'oppression sous Yahya Jammeh avant d'organiser des procès contre les présumés auteurs de crimes.  

Plus de vingt ans de crimes

Yahya Jammeh est arrivé au pouvoir en 1994 après un coup d'Etat. Il met alors en place un régime d'oppression et corrompu, qui pèse sur toute la société gambienne.

Adama Barrow avait annoncé dès janvier 2017 son intention de mettre en place une commisssion vérité et réconciliation
Adama Barrow avait annoncé dès janvier 2017 son intention de mettre en place une commisssion vérité et réconciliationImage : picture-alliance/AP Photo

Durant son règne, journalistes et opposants sont enlevés et torturés par le service de renseignement, le National Intelligence Agency. Selon certains, un escadron de la mort surnommé "The Junglers" ou "les maquisards" a commis un nombre considérable d'exécutions sommaires sur des migrants ressortissants de pays d'Afrique de l'Ouest.

L'une des missions de la Commission "Vérité, Réconciliation et Réparations" consiste à examiner ces crimes. Des témoignages livrés par des victimes et leurs bourreaux seront entendus. 

OJ et Baba Hydara, tous deux victimes, accueillent avec espoir l'ouverture des travaux de la Commission.

"J'ai assez souffert parce que j'ai été détenu et torturé 22 fois, et j'ai même perdu un oeil", témoigne OJ. "Ma femme fut arrêté, ainsi que mes amis. L'un d'entre eux n'a pas tenu, et il est mort sur le coup. Cette Commission rendra justice aux gens, mais surtout à ceux qui ont perdu les leurs."

Baba Hydara renchérit : "Mon père, Deyda Hydara, était journaliste. Un jour, on lui a tiré dessus alors qu'il était au volant de sa voiture, venant du travail, et il est mort. Depuis ce jour, je me déplace de pays en pays à la recherche de justice."

Panser les plaies du passé

La mise en place de la Commission "Vérité, Réconciliation et Réparations" a vu la présence d'Abubakar Tambadou, actuel ministre gambien de la Justice. Il se souvient lui aussi de scènes de violence sous le régime de Yahya Jammeh.

La commission est un des grands projets du ministre de la Justice Abubakar Tambadou
La commission est un des grands projets du ministre de la Justice Abubakar Tambadou Image : DW/Katrin Gänsler

"Pendant plus de deux décennies, notre pays a connu une période de peur. Les mères attendaient chaque nuit que leurs enfants ou leur mari soient enlevés pour ne plus les voir en vie. Où les employés allaient au travail après avoir dit au revoir aux leurs, comme s'il n'y avait pas d'espoir de rentrer."

Fatou Bensouda, la procureure générale de Cour Pénale Internationale, elle-même originaire de Gambie, est venue apporter du soutien à ses compatriotes. Elle a assuré que la Commission en place rendrait un travail juridique digne de ce nom pour que les plaies du passé soient pansées.