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La Côte d'Ivoire sous tension après la présidentielle

2 novembre 2020

Les violences signalées dans plusieurs villes après l'élection du 31 octobre ravivent la peur d'une crise post-électorale, dix ans après celle de 2010-2011.

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Les forces de sécurité surveillent les locaux de la Commission électorale indépendante qui doit annoncer les résultats de l'élection
Les forces de sécurité surveillent les locaux de la Commission électorale indépendante qui doit annoncer les résultats de l'électionImage : Luc Gnago/REUTERS

"Personne n'est à Toumodikro. Les gens ont déserté. C'est la peur. On a peur pour la suite."

Alors que la Côte d'Ivoire attend les résultats de la présidentielle du 31 octobre, la peur a gagné plusieurs localités du pays.

Affrontements communautaires à travers le pays

Témoignages d'Ivoiriens sur les violences post-électorales

Au lendemain du scrutin, des affrontements communautaires ont eu lieu dans plusieurs localités de Côte d'Ivoire. Dans la ville de Toumodi, dans le centre du pays, Hervé N'Guessan explique l'ampleur des dégâts.

"À partir de la gare de Kankro jusqu'à une distance de deux cent à trois mètres, toutes les cours ont été incendiées, dont celle de mes parents. Le village a été déserté. Les dégâts matériels sont énormes. Actuellement, nous sommes en train de faire des démarches pour pouvoir enterrer les quatre personnes calcinées."

Même ambiance de désolation à Sikensi dans le sud, à Tai, dans le sud-ouest, et à Tiébissou, dans le centre du pays.

Dans ces villes, on a enregistré plusieurs décès, des blessés et la destruction de nombreux biens.

À Abengourou, dans l'est du pays, après les affrontements du week-end, l'heure est à la négociation pour une réconciliation entre les communautés.

"La situation était tellement compliquée ici. Il y a des pertes en vies humaines, des incendies de maisons, des blessés qui sont à l'hôpital", raconte Isidore Tiémelé, un habitant de la ville. "Les parents se sont réunis ce matin pour trouver une solution et faire une réconciliation pour la paix."

Le calme de retour à Blockhauss

Abidjan n'a pas été épargnée par ces affrontements liés à l'élection présidentielle. Dans le village de Blokhaus, dans la commune de Cocody, les affrontements ont opposé les jeunes du quartier aux forces de l'ordre.

Le calme est revenu à Blockhauss après des affrontements entre jeunes du quartier et forces de l'ordre
Le calme est revenu à Blockhauss après des affrontements entre jeunes du quartier et forces de l'ordreImage : Leo Correa/AP Photo/picture alliance

Lundi matin, lors de notre passage, le calme toutefois était revenu. Romain Koutouan est notable à la chefferie du village.

"Samedi il y a eu des incompréhensions entre la jeunesse de Blokhauss et les forces de l'ordre. Et cela a dégénéré. Il y a eu deux blessés du côté des jeunes. Mais la vie a repris aujourd'hui. Les véhicules circulent et les magasins sont ouverts."

Karim est l'une des victimes de ces affrontements à Blokhauss. Son magasin a été touché par un projectile alors qu'il se trouvait à l'intérieur.

"L'impact est venu taper la porte de mon magasin. C'est ce qui a fait ce trou-là. Ça a été une chance pour moi, parce que j'étais à l'intérieur. Donc imaginez si j'avais été devant. Avec le trou que ça a fait sur la porte, si ça touchait quelqu'un il risquait d'y avoir mort d'homme."

Le spectre des violences de 2010 plane encore

Depuis l'annonce de la candidature controversée du président Alassane Ouattara, les manifestations se sont transformées en affrontements communautaires dans plusieurs localités du pays.

En attendant les résultats de l'élection présidentielle, de nombreuses personnes ont quitté leur maison pour aller se mettre à l'abri dans un lieu plus clame.

Les populations ivoiriennes ont encore en mémoire le souvenir de la crise post-électorale de 2011 qui a fait officiellement 3.000 morts.

Vue aérienne sur Abidjan, le pont de Cocody et le stade de football
Julien Adayé Correspondant en Côte d'Ivoire pour le programme francophone de la Deutsche Welle@AdayeJulien