La CPI ne capitule pas devant les Etats-Unis
5 avril 2019La révocation du visa de Fatou Bensouda pour les Etats-Unis n'est que la mise en application de menaces qui planaient depuis plusieurs semaines en provenance de Washington.
Le bureau de la procureure générale de la CPI n'a pas tardé à réagir : elle va continuer son travail, "sans crainte", en dépit de la décision américaine.
Un rapport de la CPI datant de 2016 fait état de "motifs raisonnables" de croire que des membres de l'armée américaine ont pratiqué la torture dans des lieux de détention secrets de la CIA en Afghanistan.
Le 15 mars dernier, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo avait mis en garde le personnel de la CPI sur les restrictions possibles en cas d'enquête sur des ressortissants américains ou leurs alliés.
John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump a dit qu'il souhaitait "la mort" de la cour dont il ne reconnaît pas la légitimité.
Le président de la CPI, le Nigérian Chile Eboe-Osuji, est l'invité de l'émission Conflict Zone de la DW cette semaine. Il relativise les déclarations des responsables américains.
"Quand les Etats-Unis ont voté la saisine de la CPI pour le cas du Darfour, déclare le juge, ils ont dit qu'ils avaient voté pour parce qu'ils n'aimaient pas l'idée d'impunité. Ils l'ont fait, en dépit de leurs réserves vis-à-vis de la cour."
Chile Eboe-Osuji appelle Washington à revoir sa position, au nom de l'attachement américain à la justice internationale depuis les procès de Nuremberg contre les nazis au sortir de la seconde guerre mondiale : "L'idée à l'origine de la création de la CPI est qu'il faut demander des comptes à ceux qui se rendent coupables de crimes contre l'humanité, ceux qui commettent des crimes de guerre. Ces impératifs demeurent valables et c'est important pour les Etats-Unis comme pour le reste du monde."
Depuis 1998, les Etats-Unis refusent de rejoindre la CPI qu'ils accusent d'atteinte à leur souveraineté nationale.