La contestation ne faiblit pas au Soudan
9 avril 2019Au pouvoir depuis 30 ans, Omar Hassan el-Béchir peut compter en interne sur le puissant service de renseignement soudanais (NISS) et les forces de police antiémeute qui lui sont restés fidèles. Mais pas sur l’armée qui depuis le début de la contestation le 19 décembre a refusé de réprimer les manifestations. Notamment en raison de dissensions internes au sein du régime.
À l'extérieur de son pays, le président soudanais peut bénéficier sur de nombreux alliés à l’étranger comme l'explique Michel Galy, politologue, professeur de géopolitique à Institut des relations internationales à Paris. "Il peut compter sur des équivalents comme le président de la Syrie (Baschar al-Assad, ndlr). Par exemple, il y a une certaine tolérance aussi assez curieuse des occidentaux, notamment de l'Union européenne, de la France, qui préfèrent Omar Hassan el-Béchir qu'elle connait, qui maitrise un certain nombre de forces, comme les islamistes et puis de migrants plutôt qu'une sorte de leur point de vue diplomatique, l'anarchie imprévisible. En cas de départ d'autocrates ou de dictateurs, c'est vraiment des éléments de négociations. On cède le pouvoir en échange d'une certaine immunité au moins temporaire dans un pays tiers," conclut le politologue.
Alors quel pays tiers pourrait accueillir Omar El-Béchir s’il venait à partir ?. Plusieurs options restent possibles selon Roland Marchal, spécialiste du Soudan au CNRS, le centre national de la recherche scientifique en France. "La première, c'est évidemment le Soudan. On a évoqué l'Arabie Saoudite. Bon compte tenu en ce moment de l'amertume d'Aljazeera en vers le président Soudanais, on peut douter que le Qatar offre un accueil chaleureux au dirigeant Soudanais. Mais rien n'est impossible encore une fois. Donc, il pourrait bénéficier de point de chute dans plusieurs pays, notamment de la péninsule arabique. Si les relations entre les deux dirigeants ne sont pas mauvaises (entre Idriss Deby et Omar Hassan el-Béchir, ndlr) au niveau personnel, je crois qu'il ne faut pas oublier que les uns comme les autres ont prouvé qu'ils étaient capables de vendre leurs amis," souligne le chercheur.
Miné par des divisions internes, l’opposition Soudanaise a commencé à s’organiser et espère évidemment le départ du président Omar Hassan el-Béchir. Agé de 75 ans, le président est officiellement recherché par la Cour pénale internationale qui a émis deux mandats d’arrêt internationaux contre lui. Il est visé par dix chefs d’accusation, mais échappe toujours à la justice internationale.