La communauté internationale complaisante en Guinée ?
13 octobre 2020Plusieurs raisons expliquent le silence des acteurs internationaux et régionaux face au passage en force du président Alpha Condé qui a fait réviser la Constitution (en mars) pour pouvoir se représenter à un troisième mandat.
La raison officielle c’est bien sûr la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat. Un principe qui veut que tout Etat souverain conduise à sa guise sa politique intérieure.
Même si à maintes reprises, il y a eu des dérogations dans le respect de ce principe.
"C'est vrai que la France, par la voix de Jean-Yves Ledrian avait condamné du bout des lèvre, la répression des manifestations, la violation des droits de l'homme commises par le régime d'Alpha Condé. Mais on voit qu'il n'y a pas beaucoup d'engagement. La France défend des intérêts et n'est plus capable d'avoir en Afrique une politique véritablement réfléchie. Donc, la France et par là même, la communauté internationale ne sont plus en phase avec les aspirations des peuples. On peut vraiment le regrette", indique l’écrivain français Thomas Dietrich.
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En plus de la France, d’autres pays ont également des intérêts en Guinée : la Chine, la Russie et la Turquie. Ceux-ci ont conclu des partenariats économiques pour l'exploitation des ressources minières du pays, ce qui octroie une sorte d'immunité au président guinéen.
Même attitude ailleurs
La communauté internationale agit de la sorte dans d’autres pays africains, s’interrogent certains analystes.
Le silence de la France, de la Russie ou de la Chine, mais aussi de la Cédéao (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest) par exemple, se retrouve également dans d’autres crises politiques.
Selon Mathias Hounkpe, l'administrateur du programme gouvernance politique a l’Osiwa (Open society initiative for West Africa), "ce silence s'observe également en Côte d'ivoire ou la communauté internationale ne dit quasiment rien. Et d'ailleurs, aux élections au Togo, c'était à peu près la même chose. Vous avez l'émergence des puissances qui ne sont pas démocratiques (…) Mais qui semblent pour le moment, au moins dans le cours terme, donner des résultats. Donc, vous avez le sentiment qu'il y a des alternatives qui font que même chez nous en Afrique, nous aussi nous hésitons par rapport à la défense des valeurs démocratiques, des valeurs de liberté etc.."
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Si Cellou Dalein Diallo sollicite l’intervention de la communauté internationale, d’autres opposants, comme au Togo, au Tchad, au Cameroun ou encore au Mali, au contraire dénoncent les soutiens extérieurs dont bénéficient les régimes en place.