Kigali se rapproche de Pékin et s'éloigne de l’Ouest
23 juillet 2018"Kagame est assez clairvoyant. Il sait travailler avec l’Ouest, se repose à l’Est, et son bureau est à Kigali", disait une journaliste critique du pouvoir rwandais à la DW lors d’une récente interview sur la politique étrangère du Rwanda.
En juin dernier, Serguei Lavrov, le chef de la diplomatie russe était déjà à Kigali en visite officielle. C’était le cas aussi de Narendra Modi, le premier ministre indien, à la même période.
Et bien avant le coup d’envoi de la Coupe du monde de football en Russie, Paul Kagame a été vu aux cotés de Vladimir Poutine au Kremlin. Pour certains, comme le journaliste Robert Mugabe "l’Ouest ne peut plus patienter devant ce régime dictatorial de Kagame qui mate l’opposition et la liberté de la presse. Mais encore je me dis que son régime a réalisé qu’il a perdu un allié, et qu’il se dit que s’associer aux BRICS serait idéal", en ajoutant que tous ces événements marquent une rupture dans la politique étrangère du Rwanda qui semble selon lui tourner le dos à un bloc pour embrasser un autre.
Les BRICS attirent le Rwanda
Sur différents dossiers, pendant la période post-génocide, Kigali, s’est souvent battu avec des pays de l’ouest du monde. C’était le cas de la France quant à son rôle présumé dans le génocide rwandais. Le cas aussi des Etats Unis d’Amérique. Sur les accords de l’AGOA à propos de la commercialisation des vêtements de seconde main, ou encore sur des dossiers de violation des droits de l’homme.
"Des pays comme la Chine, l’Inde n’interfèrent pas dans la politique interne d’autres. À écouter quelques politiciens africains, même le Rwanda, je dirais que cela est un point positif qu’ils poursuivent chez les BRICS " explique Christopher Kayumba, enseignant à l’université du Rwanda. Il aussi évoque la tendance du pays à embrasser le modèle des BRICS, qui n’ont pas la même approche vis-à-vis de la politique intérieur du pays comme les Occidentaux.
La visite du président chinois Xi Jinping à Kigali devrait essentiellement déboucher sur la signature de différents accords de coopération dans les domaines divers. "Avec la Chine, nous avons une coopération productive dans les domaines comme l’immobilier, la construction, la santé, l’éducation où nous comptons plus d’un millier de jeunes gens qui font leurs études dans différentes universités chinoises ", se rejouit le président rwandais Paul Kagame.
L'axe Moscou-Kigali
Fin juin, une compagnie publique russe, Rosatom, et l’Etat rwandais ont signé un accord d’usage de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. Une première dans son histoire, considéré par Kigali comme indispensable dans son programme d’électrification qui peine à atteindre les 70% du territoire national. Cela était une promesse de campagne en 2010 avant que Kagame n’entame son deuxième septennat.