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L'archevêque de Kinshasa visé par une information judiciaire

Jean-Noël Ba-Mweze
29 avril 2024

La justice de RDC ouvre une enquête contre le cardinal Fridolin Ambongo. Elle lui reproche des "propos séditieux" alors que le pays fait face à une offensive du M23.

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Le cardinal Fridolin Ambongo, les mains jointes, le président Tshisekedi de dos (archive)
Certains opposants estiment que le cardinal Fridolin Ambongo paie ainsi ses critiques vis-à-vis des autorités congolaisesImage : Giscard Kusema/Presse- und Kommunikationsdienst der Präsidentschaft von Kongo

En République démocratique du Congo, la justice s'en prend au chef de l'Eglise catholique, le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa.

Une information judiciaire vient en effet d'être ouverte contre le prélat. Il lui est reproché d'avoir tenu des "propos séditieux", au moment où le pays fait face à l'offensive militaire conduite par les rebelles du M23 dans l'est du pays.

Fridolon Ambongo n'a en effet pas caché, ces derniers temps, ses critiques vis-à-vis du gouvernement, auquel il reproche, selon lui, son incapacité à résoudre la crise sécuritaire dans l'Est.

Incitation à la révolte contre les institutions

Dans sa lettre au procureur général près la cour d'appel de Kinshasa - Matete, Firmin Mvonde, procureur général près la cour de cassation, souligne que le cardinal Ambongo "violente délibérément les consciences et semble trouver un plaisir à travers des faux bruits et incitations à la révolte contre les institutions établies et aux attentats contre les vies humaines". 

Monseigneur Donation Tshole, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo, la Cenco, n'a pas voulu réagir à chaud. Il a simplement affirmé que le cardinal poursuit librement ses occupations.

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Une procédure habituelle

Jonas Tshiombela, coordonnateur de la nouvelle société civile, rappelle que la loi est la même pour tous. Il estime qu'il n'y a rien d'anormal dans cette procédure. 

"Le cardinal n'est pas au-dessus de la loi. Même le président de la République n'est pas au-dessus de la loi. La justice a intérêt de s'intéresser à ce qu'il a fait comme déclaration. Mais toutefois, quand on peut convoquer quelqu'un et que le dossier est sous instruction, il peut être à charge ou à décharge. A ce stade, on ne peut pas dramatiser. Il jouit encore de la présomption d'innocence."

La main de l'exécutif

Mais pour Papy Niango, avocat au barreau de Kinshasa-Matete, il s'agit là de l'instrumentation de la justice par le pouvoir. Il s'étonne que la justice se lève contre ceux qui dénoncent les insuffisances, mais ferme les yeux face aux détournements des deniers publics auxquels les Congolais assistent au quotidien.

"La justice apparaît plus lorsqu'il faut taire la voix du peuple, lorsqu'il faut taire ceux qui se lèvent pour contredire les gestionnaires de l'Etat. Aussi pour dénoncer leurs méfaits. Là, nous voyons la justice agir d'une façon très expéditive pour museler l'opinion."

Certains opposants ont également condamné l'enquête lancée contre le prélat catholique. Parmi eux, figurent Martin Fayulu, coordonnateur de la coalition Lamuka, et Denis Mukwege, prix Nobel de la paix. Tous deux étaient candidats à l'élection présidentielle de décembre dernier.

Jean-Noël Ba-Mweze Correspondant à Kinshasa en RDC pour le programme francophone de la Deutsche Welle@ba_mweze