Journée mondiale pour l'élimination de la pauvreté
17 octobre 2019Juchée dans un coin de la rue du petit marché de Maradi, la boutique d’Abdoulsalam est une des innombrables "pharmacies par terre", de la ville de Maradi.
De 8h du matin jusque tard dans la nuit, l’officine ne désemplit pas. Les gens font la queue, parce que les médicaments sont beaucoup moins chers qu’en pharmacie.
Abdoulsalam est à la fois pharmacien et praticien. Sani a deux de ses enfants malades du paludisme. Il est venu à la boutique acheter des antipaludéens.
"On n’a pas assez d'argent pour acheter des médicaments dans les pharmacies ou aller dans des centres médicaux. C’est pour cela que je suis venu ici auprès pour acheter des médicaments à moindre coût. Je sais quoi acheter et lui, le boutiquier, il sait ce qui guérit le paludisme. Les gens n’ont pas d’argent, c’est pour cela que vous avez trouvé bon nombre de personnes qui sont venues chercher des médicaments."
Les risques, Sani en est conscient
"Les risques, même s’il y en a, on n’a pas le choix. Parce que nous n’avons pas les moyens d’aller à l’hôpital et nous sommes condamnés à venir payer ces médicaments. Même s’il y a des risques, nous en tant que musulmans, on dit que c’est dieu qui fait tout."
Pour Docteur Manou Amadou médecin généraliste, ce phénomène des médicaments de la rue, plutôt récent est très inquiétant pour la santé de la population.
"Aujourd’hui, les études ont montré que la majorité de ces produits sont de faux produits. On ne connait même pas leur origine, alors que les gens sont en train de les consommer. Certains n’ont pas de principes actifs, il n’y a peut-être que de la poudre dedans. Ou bien, les produits sont achetés et exposés au soleil. Donc les produits périment et celui qui consomme le fait à ses risques et périls. Parce que ce sont des produits, une fois dégradés, qui deviennent quelque chose qui peut nuire à notre santé. Un produit qui est prévu pour guérir une maladie sera transformé en drogue, en toxine. On a eu plusieurs cas d’hospitalisation de personnes suite à la consommation de ces médicaments de la rue. Ça nous l’avons vu, parfois même des cas mortels."