"Je voudrais que mon pays soit fier de sa population"
16 août 2021Yamboro est une localité située à 25 kilomètres au sud de Bangui. C'est là que Marie Sierra a construit une nouvelle école.
A 80 ans, cette ancienne majorette devenue juge à la Cour constitutionnelle est un modèle de réussite par le travail.
A (re)lire également : Centrafrique : l’école prise entre deux feux
Témoin de l'histoire de l'indépendance de la Centrafrique, Marie Sierra fut journaliste avant d'être cheffe du service d'état civil à la mairie de Bangui.
Son dévouement l'a conduit à siéger à la Cour Constitutionnelle peu après son passage à l'Unicef. Ses expériences renforcent son espoir dans l'avenir à travers les enfants.
Pour elle, c'est "tout pour l'enfant avec amour pour l'avenir. Nous progressons et après ce sont les enfants qui prennent la relève, mais il faudrait que nous laissions des bonnes habitudes, le civisme, la morale, le travail. Barthelemy Boganda avait donné cinq verbes. Et ces verbes-là, il faudrait que nous les appliquions pour que le pays aille de l'avant."
Considéré comme le père de l’indépendance centrafricaine, Barthélemy Boganda parlait ainsi de cinq impératifs pour le peuple : instruire, nourrir, soigner, loger et vêtir.
Un modèle de réussite
Cette avec cette vision que Marie Sierra a créé l’école de Yamboro, où les enfants viennent parfois de loin pour s’instruire.
Les défis sont importants mais les bons résultats des élèves de cette école font la fierté du directeur de l'école. Bienvenu Bouza note que "à peu près 72% des élèves sont reçus pour aller au lycée et les classes intermédiaires sont sur la bonne voie."
Pour Marie Sierra, le combat pour le développement du pays à travers l'instruction ne doit être pas être solitaire mais il concerne toute la population.
"J'en ai fait des enfants et si mes enfants réussissent, je crois que c'est mon plus grand bonheur, confie-t-elle. Mais je voudrais que les autres aussi réussissent. Parce que mes enfants ne vont pas tout faire pour le pays. Il faudrait d'autres enfants et aussi aider les parents qui sont complètement dépassés, ils ne savent même pas ce qu'est l'instruction. Ils se lèvent le matin pour travailler dans leur petit champ, juste pour manger ou vendre quelques produits pour 1.000 francs CFA par jour."
Le défi sécuritaire reste essentiel
Cette réalité a poussé Marie Sierra à vouloir faire quelque chose. Elle rappelle que "cette école que j'ai créée est gratuite. Les parents ne payent pas. Je demande juste 200 francs CFA à chaque parent chaque mois pour pouvoir aider les maitres. Je voudrais que mon pays soit fier de sa population."
L'école de Yamboro est pour Marie Sierra le résultat de son engagement afin que toutes les couches de la population, sans exception, puissent recevoir une instruction. Mais le conflit en Centrafrique nuit à son message et cette école aurait besoin aujourd'hui davantage de soutiens.