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Mystère autour de l’intoxication de jeunes filles en Iran

6 mars 2023

Depuis novembre dernier, des rapports se multiplient et font état d'intoxications inexpliquées dans des écoles de filles et des résidences pour étudiantes.

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Une femme tient une pancarte avec le dessin d'une fille portant des masques à gaz en Iran pendant la manifestation (04.03.23 à Madrid en Espagne)
Dans plusieurs villes, des personnes se sont mobilisées pour demander aux autorités d'agir sans délaiImage : Diego Radames/SOPA Images/ZUMA Press Wirepicture alliance

De nouveaux cas d’intoxication ont été encore rapportées hier, dimanche, dans plusieurs établissements scolaires du pays. Plus de 52 établissements sont touchés depuis ces trois derniers mois, selon les autorités. 

Depuis novembre dernier, des rapports se multiplient et font état d'intoxications inexpliquées dans des écoles de filles et des résidences pour étudiantes. Les victimes disent avoir été envahies par une odeur "comme celle d'un fruit pourri, d'un œuf pourri ou d'un parfum puissant" et avoir eu du mal à respirer. 

Plus de mille écolières dans 15 villes auraient été intoxiquées jusqu’ici. Certaines auraient perdu connaissance et auraient été portées par des amies à l'extérieur, dans la cour de l'école. Les jeunes filles disent avoir été prises de vertiges et de nausées, beaucoup ont été hospitalisées. Mais aucune d’entre elles n’a été encore gravement affectée. 

Le pouvoir pointé du doigt

De nombreux messages et vidéos sur internet font état de cette étrange histoire d’intoxication, certains internautes n’hésitant pas à mettre en cause le pouvoir iranien

Le président iranien Ebrahim Raisi participe au sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) dans la capitale tadjike, Douchanbé
Les autorités iraniennes ont promis des peines sévères si les responsabilités sont situées Image : SalamPix/ABACA/picture alliance

Une enquête a été ouverte. Le ministre iranien de l’Intérieur, Ahmad Vahidi, a affirmé que dans 90% des cas, les malaises seraient dus au stress. Le vice-ministre iranien de la Santé, Yunus Panahi, n’exclut toutefois pas que l'objectif de ces attaques était de fermer les écoles de filles. 

Une habitante de Téhéran a affirmé à la DW que les parents protestent devant les écoles. Beaucoup envisageraient de ne plus envoyer leurs enfants à l’école, poursuit cette femme de 47 ans dont la fille est étudiante. Une autre mère a demandé aux autorités d’installer des caméras devant les établissements pour protéger les enfants. 

Attaques à l'acide

Le syndicat des enseignants a appelé à une manifestation cette semaine. Interrogée par la DW, la journaliste Moloud Hadschisadeh n’est pas surprise par ces intoxications mystérieuses. Elles lui rappellent les attaques à l'acide dans la ville d'Ispahan, en 2014, lorsque des dizaines de femmes avaient été attaquées. 
Les premières attaques cette fois ont eu lieu dans la ville de Qom, ville sainte pour les chiites et très conservatrice. Des groupes extrémistes iraniens y demandent l'interdiction de l'école pour les filles. 

Une enseignante afghane, née en Iran, vérifie la taille de l'uniforme scolaire d'une écolière réfugiée afghane dans une salle de classe d'une école dans le sud de Téhéran, le 1er novembre 2021
Le chef de la Défense civile, le général Gholamréza Jalali, a affirmé dimanche que les écoles iraniennes étaient "plongées dans une panique sociale"Image : Morteza Nikoubazl/NurPhoto/picture alliance

Le président iranien a demandé aux ministères de l’Intérieur et du Renseignement de faire échouer, "le complot de l'ennemi" qui "veut semer la peur, l'insécurité et le désespoir". Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a réclamé aujourd'hui des peines sévères contre les responsables de ces intoxications.