L'Iran augmente ses capacités d’enrichissement de l’uranium
1 mars 2023Selon le directeur de la CIA, Williams Burns, la progression du programme nucléaire iranien est telle qu’il ne faudrait à l’Iran plus que "quelques semaines" pour enrichir son uranium suffisamment pour alimenter une bombe nucléaire.
Dans une interview donnée à la chaîne CBS, il note toutefois que le renseignement américain ne pense pas "que le Guide suprême iranien (Ali Khamenei, ndlr) ait pris la décision de reprendre la militarisation du programme suspendu ou terminé fin 2003".
Williams Burn connaît bien le dossier puisqu’il avait lancé en 2013, en tant que secrétaire d’Etat américain adjoint, les négociations en coulisses qui allaient aboutir à l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien de 2015 (accord JCPOA), signé entre Téhéran, et le groupe des 5+1 (les cinq membres permanentes du Conseil de sécurité des Nations unies et l’Allemagne).
Cet accord limitait les capacités d’enrichissement de l’uranium de l’Iran à près de 3,7%, un niveau suffisant pour développer un programme nucléaire civil et à la production d’électricité. En échange, les grandes puissances levaient les sanctions imposées à l’économie iranienne.
Mais depuis, Téhéran a fini par s’affranchir de ses obligations suite au retrait des Etats-Unis de cet accord, décidé en 2018 par Donald Trump.
La barre des 90%
Pour l’heure, les tentatives de ranimer l’accord moribond de 2015 sont restées vaines. L’accès des inspecteurs de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) aux sites de production, prévu par l’accord, a été fortement réduit.
L’an dernier, l'Iran est allé jusqu’à débrancher des caméras de surveillance dans ses usines.
Son stock total d'uranium enrichi dépasse de plus de 18 fois la limite autorisée par le JCPOA, d'après les calculs de l'AIEA et les alertes sur les nouvelles capacités d’enrichissement s’enchaînent.
Ce développement inquiète particulièrement en Israël, alors que le régime des mollahs dit régulièrement vouloir rayer le pays de la carte.
L’Iran avait ainsi commencé à produire de l’uranium enrichi à 60% au mois de novembre dernier dans l’usine souterraine de Fordo, au sud de Téhéran. Désormais, l’AIEA a détecté sur ce site des particules d’uranium enrichi à 83,7%, soit juste en deçà des 90% nécessaires pour produire une arme atomique.
Selon les autorités iraniennes, il s’agit de "de fluctuations involontaires" au cours du processus d'enrichissement, dans une lettre citée par l'AIEA.
Le directeur général agence, Rafael Grossi, a prévu de rencontrer ce week-end le président iranien Ebrahim Raïssi à Téhéran pour "relancer le dialogue", selon une source diplomatique.
L’uranium enrichi : comment ça fonctionne ?
L’uranium est composé de différents isotopes, dont l’uranium appelé 235. C’est le seul à pouvoir être fragmenté afin de produire un fort rayonnement de chaleur : c’est ce qu’on appelle la fission, nécessaire pour alimenter un réacteur nucléaire.
Or, la part de 235 est très faible dans l’uranium que l’on trouve dans la nature. L’opération qui consiste à augmenter la part de 235 dans l’uranium est l’enrichissement. Celui-ci se fait à l’aide de centrifugeuses à gaz.
Lorsque la part de l’isotope 235 dans l’uranium est de 90%, ce dernier peut servir à fabriquer une bombe nucléaire.