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L'Iran augmente ses capacités d’enrichissement de l’uranium

Marco Wolter | Avec agences
1 mars 2023

De l’uranium enrichi à plus de 83% a été détecté par l’AIEA dans une usine souterraine en Iran, proche des 90% nécessaires pour alimenter une bombe nucléaire.

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Une personne en blouse blanche marche dans une usine à côté d'une série de cuves
L'AIEA demande "des clarifications" à TéhéranImage : Getty Images

Selon le directeur de la CIA, Williams Burns, la progression du programme nucléaire iranien est telle qu’il ne faudrait à l’Iran plus que "quelques semaines" pour enrichir son uranium suffisamment pour alimenter une bombe nucléaire. 

Dans une interview donnée à la chaîne CBS, il note toutefois que le renseignement américain ne pense pas "que le Guide suprême iranien (Ali Khamenei, ndlr) ait pris la décision de reprendre la militarisation du programme suspendu ou terminé fin 2003"

Williams Burn connaît bien le dossier puisqu’il avait lancé en 2013, en tant que secrétaire d’Etat américain adjoint, les négociations en coulisses qui allaient aboutir à l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien de 2015 (accord JCPOA), signé entre Téhéran, et le groupe des 5+1 (les cinq membres permanentes du Conseil de sécurité des Nations unies et l’Allemagne). 

Cet accord limitait les capacités d’enrichissement de l’uranium de l’Iran à près de 3,7%, un niveau suffisant pour développer un programme nucléaire civil et à la production d’électricité. En échange, les grandes puissances levaient les sanctions imposées à l’économie iranienne.  

Mais depuis, Téhéran a fini par s’affranchir de ses obligations suite au retrait des Etats-Unis de cet accord, décidé en 2018 par Donald Trump. 

Une image satellite montre les montagnes abritant le site nucléaire de Fordo
Sous ses montagnes, se trouve le site nucléaire de Fordo, au sud de TéhéranImage : Satellite image ©2019 Maxar Technologies/AP/picture alliance

La barre des 90% 

Pour l’heure, les tentatives de ranimer l’accord moribond de 2015 sont restées vaines. L’accès des inspecteurs de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) aux sites de production, prévu par l’accord, a été fortement réduit. 

L’an dernier, l'Iran est allé jusqu’à débrancher des caméras de surveillance dans ses usines. 

Son stock total d'uranium enrichi dépasse de plus de 18 fois la limite autorisée par le JCPOA, d'après les calculs de l'AIEA et les alertes sur les nouvelles capacités d’enrichissement s’enchaînent. 

Un missile dans les airs
L'Iran avait déjà fait l'objet d'un rappel à l'ordre de l'AIEA en novembre 2022 pour son manque de coopérationImage : Iranian state television/AP/picture alliance

Ce développement inquiète particulièrement en Israël, alors que le régime des mollahs dit régulièrement vouloir rayer le pays de la carte.

L’Iran avait ainsi commencé à produire de l’uranium enrichi à 60% au mois de novembre dernier dans l’usine souterraine de Fordo, au sud de Téhéran. Désormais, l’AIEA a détecté sur ce site des particules d’uranium enrichi à 83,7%, soit juste en deçà des 90% nécessaires pour produire une arme atomique.  

Selon les autorités iraniennes, il s’agit de "de fluctuations involontaires" au cours du processus d'enrichissement, dans une lettre citée par l'AIEA.

Le directeur général agence, Rafael Grossi, a prévu de rencontrer ce week-end le président iranien Ebrahim Raïssi à Téhéran pour "relancer le dialogue", selon une source diplomatique.
 

 

Un homme dans une mine d'uranium
L'uranium naturel ne contient que très peu d'uranium 235Image : Sergei Bobylev/TASS/picture alliance

L’uranium enrichi : comment ça fonctionne ? 

L’uranium est composé de différents isotopes, dont l’uranium appelé 235. C’est le seul à pouvoir être fragmenté afin de produire un fort rayonnement de chaleur : c’est ce qu’on appelle la fission, nécessaire pour alimenter un réacteur nucléaire. 

Or, la part de 235 est très faible dans l’uranium que l’on trouve dans la nature. L’opération qui consiste à augmenter la part de 235 dans l’uranium est l’enrichissement. Celui-ci se fait à l’aide de centrifugeuses à gaz. 

Lorsque la part de l’isotope 235 dans l’uranium est de 90%, ce dernier peut servir à fabriquer une bombe nucléaire.

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Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais