Inquiétude pour les civils en Ethiopie
24 novembre 2020L'ultimatum a été lancé dimanche 22 novembre au soir : Abiy Ahmed, le premier ministre éthiopien, donnait alors 72h aux dirigeants du Tigré pour se rendre. Ultimatum rejeté dans les heures qui ont suivi par le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Désormais, avant une éventuelle offensive, c'est pour la population civil que les inquiétudes sont grandes.
Le conseil de sécurité de l'ONU devait même tenir une réunion ce mardi sur la question, à huit clos, à la demande notamment de l'Afrique du Sud. Réunion annoncée comme annulée par la suite -les pays africains voulaient son report pour ne pas perturber le travail des émissaires africains en Ethiopie- puis finalement maintenue. Elle devait se tenir ce mardi en milieu de journée.
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Le pouvoir fédéral éthiopien assure lui dans tous les cas être en mesure de lancer l'assaut sur la ville de Mekele, pour en déloger les dirigeants du TPLF et les remplacer par une nouvelle administration. Mais la ville compte 500.000 habitants auxquels s'ajoutent des réfugiés d'autres zones depuis le début du conflit. Des civils pour lesquels la communauté internationale et les ONG de défense des droits humains s'inquiètent. "La rhétorique extrêmement agressive des deux parties concernant la lutte pour Mekele est dangereusement provocatrice et risque de mettre davantage en danger les civils", estime ce mardi Michelle Bachelet, la commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.
600 personnes massacrées
Ce mardi, l'agence de presse catholique allemande (KNA) confirme les craintes d'attaques contre les civils, déjà rapportées par certains d'entre eux récemment. Selon les informations de la KNA, qui cite des sources proches du gouvernement, près de 600 personnes auraient été massacrées dans la ville de Mai-Kadra le 9 novembre dernier, par des jeunes tigréens.
Les ONG de défense des droits de l'homme, Amnesty International en tête, s'inquiètent pour les heures à venir. "Amnesty International rappelle à toutes les parties qu'attaquer délibérément des civils (...) est interdit par le droit humanitaire international et constitue un crime de guerre", écrit Deprose Muchena, responsable Afrique de l'Est et australe pour l'organisation. L'ONG appelle aussi les deux camps à ne pas s'en prendre aux hôpitaux ou aux écoles.
L'UA tente de se mobiliser
De son côté, l'Union africaine (UA) a nommé plusieurs envoyés spéciaux pour tenter d'ouvrir une médiation. Joaquim Chissano, ancien président mozambicain, Ellen Johnson-Sirleaf, ancienne présidente libérienne et l'ancien chef d'Etat sud-africain Kgalema Motlanthe. Mais, dès lundi, le gouvernement éthiopien a rejeté l'idée de quelconques négociations.
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Le conflit a déjà poussé quelque 40.000 habitants du Tigré à se réfugier au Soudan voisin. Témoins et journalistes sur place évoquent des personnes " affamées, assoiffées et fatiguées" et l'ONU parle "d'une crise humanitaire à grande échelle".
L'organisation internationale craint même que le nombre de réfugiés monte à 200.000 dans les six prochains mois. La chancelière allemande Angela Merkel a promis en début de semaine de fournir une aide au gouvernement éthiopien pour venir en aide aux réfugiés, sans préciser toutefois de quelle façon.