Que dit le rapport de HRW sur la situation au Sahel ?
11 janvier 2024Attaques contre la liberté d'expression, exactions, répressions, mariages forcés, intimidation… L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch a publié ce jeudi 11 janvier, son rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Une situation qui reste peu reluisante dans plusieurs pays et notamment ceux du Sahel.
Difficile d'être une voix critique au Burkina
Au Burkina, il est question de détérioration de la situation des droits de l'Homme imputée à l'armée et à ses supplétifs des VDP, les volontaires pour la défense de la patrie, mais le rapport mentionne aussi des actions pour rendre justice aux victimes, comme celles de Karma en avril 2023, où 156 civils avaient été massacrés.
HRW revient également sur les réquisitions forcées de citoyens pour aller combattre des terroristes au front.
Ilaria Allegrozzi, chercheuse pour Human Rights Watch, donne l'exemple de l'activiste Daouda Diallo dont on est sans nouvelle depuis une quarantaine de jours.
" Il y a eu une multiplication d'attaques meurtrières par les groupes armés islamistes et une intensification des opérations militaires engendrant souvent des abus envers les civils. On a également observé un rétrécissement de l'espace civique et des mesures répressives contre les médias et les dissidents", explique à la DW Ilaria Allegrozzi.
Un point positif au tableau tout de même, le 16 février, l'Assemblée législative de transition du Burkina Faso a adopté un projet de loi pour renforcer le rôle des prévôts, responsables de la discipline dans les forces armées.
Ceci permettra une meilleure protection des droits des détenus lors des opérations militaires et dans les campements militaires et contribuera à améliorer l'obligation de rendre des comptes lors d'atteintes aux droits humains, selon HRW.
Des restrictions aussi au Niger
Arrestations, menaces, harcèlement… Selon HRW, depuis les coups d'État, la liberté d'expression a été restreinte et l'espace politique s'est rétréci également au Niger avec l'interdiction des activités des partis politiques et des interpellations de plusieurs membres du gouvernement déchu et de ses partisans.
Selon Hamani Assoumane, coordonnateur du Collectif de défenses des droits humains au Niger, "au temps même de l'ancien régime, sous couvert de la lutte contre le terrorisme, il y a eu l'avènement d'un certain nombre de lois… la loi sur la cybercriminalité (…) pour dire que la restriction ne date pas d'aujourd'hui ".
Hamani Assoumane assure que depuis un certain temps, le combat consiste désormais à inciter les autorités à réformer certaines lois jugées liberticides pour qu'elles soient conformes aux standards internationaux.
Les groupes armés mis en cause
S'il est beaucoup question des restrictions émanant des autorités au Sahel, HRW ne passe pas non plus sous silence les violences et agressions des mouvements armés comme le Groupe de soutien de l'islam et des musulmans, allié à Al-Qaïda, et l'État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) qui sévissent dans la région.
Dans le cas du Mali, l'organisation de défense des droits de l'Homme évoque par exemple, la période de janvier à avril, dans les régions de Ménaka et de Gao, où des affrontements entre l'EIGS et le Groupe pour le soutien de l'islam et des musulmans, qui tous deux cherchaient à contrôler les voies d'approvisionnement et à accroître leurs zones d'influence, ont entraîné une détérioration de la situation sécuritaire.
Ces groupes sont par ailleurs également accusés de meurtres, de viols et d'extorsions... entre autres violences.