La répréssion des opposants se poursuit en Guinée
16 juillet 2021La liste des opposants politiques arrêtés par les autorités de Conakry s'allonge. Alors qu'une bonne partie des membres du bureau éxécutif de l'UFDG de Cellou Dalein Diallo sont en prison, Bogola Haba, le responsable de communication de l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (Anad), a été interpellé jeudi (15.07), et placé sous contrôle judiciaire.
"Décapiter l'Anad"
Bogola Haba a été interpellé à Conakry en compagnie d'un autre cadre de l'Anad. Les deux responsables de l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie venaient de parapher un accord politique avec le chef de file de l'opposition Cellou Dalein Diallo.
"Quelques heures après la signature de cette nouvelle charte, les deux hommes se font arrêter au domicile de Tierno Yaya Diallo. Mais en réalité, c'est Bogola Haba, président d'honneur de l'UGDB, qui était visé. Alors on nous apprend qu'il est arrêté pour atteinte aux fondamentaux de la nation, rébellion, trouble à l'ordre public et atteinte au chef de l'Etat", explique Joachim Baba Millimono, l'un des porte-parole de l'Anad.
Pour lui, depuis l'élection présidentielle controversée du 18 octobre 2020, "l'objectif d'Alpha Condé est de décapiter l'Anad en commençant par la tête, tout en coupant celui qui communique le plus pour cette alliance."
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Incitation à la révolte
L'interpellation de Bogola Haba fait suite à la volonté des militants de l'opposition de reprendre les manifestations de rue pour protester contre la fermeture du siège et des bureaux de l'UFDG, ce qui a obligé le parti de Cellou Dalein à organiser ses assemblées générales sur internet.
Et c'est justement sur les réseaux sociaux que l'opposant Bogola Haba aurait publié des messages "appelant à la désobéissance civile", selon Sékou Nana Sylla, du RPG-arc-en-ciel, au pouvoir.
"Ce compatriote qui a été arrêté a tenu des propos sur sa page Facebook que nous regrettons tous. Lorsque les acteurs se permettent de tenir des propos allant dans le sens d'inciter à la révolte, d'inciter à la violence, d'inciter même au changement illégal de pouvoir, je pense que ce sont des propos qui ne seront tolérés dans aucune démocratie, surtout dans celles aussi fébriles que la nôtre", affirme Sékou Nana Sylla.
Une centaine d'opposants en détention
Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) contre le troisième mandat d’Alpha Condé condamne ces interpellations et dénonce "une façon d’instaurer la peur chez les Guinéens."
Depuis le 18 octobre 2020,plus de 300 membres de l'opposition sont détenus à la prison centrale de Conakry, pour atteinte à la sureté de l'Etat.
Le passeport de l'opposant Cellou Dalein Diallo a été confisqué. Lui, son épouse ainsi que les vice-présidents de l'UFDG sont interdits de quitter le territoire national.
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