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Guinée : l'opposition dénonce le mutisme de la Cédéao

26 février 2020

Le double scrutin prévu dimanche va se dérouler dans un contexte de tension après le retrait de l'OIF du processus en raison du manque de fiabilité du fichier électoral.

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L'opposition appelle au boycott du double scrutin de dimanche
L'opposition appelle au boycott du double scrutin de dimancheImage : Nadia Nahman, Stabschefin des Präsidenten der UFDG Cellou Dalein Diallo

L’opposition guinéenne souhaite que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) et l'Union africaine (UA) imitent l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Alors que le climat sociopolitique ne cesse de se dégrader et que de nouvelles violences sont redoutées, la Cédéao et l’Union africaine sont restées muettes sur la tenue  du double scrutin de dimanche (01.03.20).

Le dernier communiqué de la Cédéao sur la situation en Guinée remonte à novembre 2019. L’institution appelait alors à une préparation sereine des prochaines échéances électorales.

Il y a deux semaines, lors de son 33e sommet à Addis-Abeba, en Ethiopie, l’UA aurait, pour sa part, demandé au président Alpha Condé d’éviter toute démarche pour demeurer au pouvoir.

Mais pour le député Ousmane Gaoual Diallo, du parti d’opposition UFDG, l’UA et la Cédéao sont trop prudentes sur la crise politique qui secoue la Guinée :

"Nous espérons qu’ils iront plus loin. Les sorties du chef de l’Etat ces derniers jours donnent aussi plus de relief à ces organisations qui, nous ne désespérons pas, suivront peut-être l’Organisation internationale de la Francophonie."

Lundi (24.02.20), l’OIF a en effet jugé "problématique" la présence sur le fichier électoral de plus de deux millions d’électeurs, redoutant un "gonflage" des listes.

La Cédéao muette sur la tenue des législatives et du référendum
La Cédéao muette sur la tenue des législatives et du référendumImage : Getty Images/AFP/K. Sulaimon

Karamo Mady Camara, juriste et analyste politique guinéen, critique "une sorte de complicité institutionnelle" de la Cédéao et de l’Union africaine."L’essentiel des dirigeants de ces institutions sont portés vers ce type de tripatouillage constitutionnel.", soutient-il.  

Karamo Mady Camara souhaite une position plus claire des dirigeants du continent - à quelques jours des élections législatives et du référendum constitutionnel.

Des insuffisances jugées mineures

Alpha Bah Fischer, député du parti au pouvoir, minimise, pour sa part, les erreurs dans ce fichier :

"Peut-être qu’il y a des insuffisances, mais pas des insuffisances qui peuvent dénaturer les élections en vue. Le parlement de la Cédéao a été clair : la Guinée est un Etat souverain qui est libre, comme toute autre nation, de proposer une nouvelle constitution à son peuple et qui doit aller à ces élections. L’Union africaine s’aligne toujours derrière la position de la Cédéao. Et la Cédéao n’a aucun motif pour condamner la Guinée."

C'est dans ce contexte tendu que les Guinéens sont appélés aux urnes pour renouvéler leur parlement et doter le pays d'une nouvelle constitution. Un double scrutin que l'opposition et le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) veulent empêcher la tenue estimant que les résultats seraient connus d’avance.

L’opposition continue de dénoncer le fichier électoral qu’elle ne considère "pas fiable". De son côté, le FNDC considère qu’il s’agit d’un moyen pour le président Alpha Condé de se présenter pour un 3e mandat.

Mardi (25.02.20), l’armée a été requisitionnée par Conakry pour assurer la sécurité des bureaux de vote et "toutes les unités de l’armée sont en alerte maximale sur l'ensemble du territoire national jusqu’à nouvel ordre", selon le décret présidentiel diffusé sur les antennes de la radio nationale.