Guinée : l'opposition dénonce les arrestations
26 janvier 2021Ce lundi 25 janvier 2021, le parquet a requis dix ans de prison ferme contre l'opposant et blogueur, Mamady Condé, plus connu sous le nom de "Madic 100 frontière".
Le jeune opposant est poursuivi pour "menaces, injures, xénophobie et incitation à la révolte" après avoir publié des textes contre un troisième mandat du président Alpha Condé et des vidéos critiques contre le pouvoir. Le verdict est attendu le 8 février.
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Le 16 janvier dernier, un autre militant de l'opposition, Mamadou Oury Barry, est décédé à la Maison centrale de Conakry, où il était détenu depuis le 5 août pour "coups et blessures volontaires", selon le ministère de la Justice.
Cellou Dalein Diallo, principal opposant à Alpha Condé, avait déploré une mort "par manque de soins". Le ministère de la Justice, lui, avait pour sa part, parlé de "mort naturelle liée à une occlusion intestinale et à une anémie bioclinique".
Un cadre de l'UFDG, le principal parti de l'opposition, Roger Bamba, est également mort en détention en décembre 2020, avant son procès. Le gouvernement avait invoqué la maladie, sa famille parlant d'empoisonnement et de "crime d'Etat".
Sidya Touré, président de l'Union des forces républicaines (UFR), estime que c'est le président Alpha Condé qui dirige cette répression contre l'opposition.
Réaction de Washington
Les Etats-Unis sont "gravement préoccupés" par le "ciblage de l'opposition politique par le gouvernement", a récemment fait savoir leur ambassade à Conakry.
Pour Washington, "les actions du gouvernement et la mort de deux membres de l'opposition pendant leur détention remettent en question l'engagement de la Guinée en faveur de l'Etat de droit".
La Guinée a été pendant des mois en proie à une profonde crise causée par la candidature de M. Condé à un troisième mandat controversé. La contestation, plusieurs fois durement réprimée, a fait des dizaines de morts depuis octobre 2019.
M. Condé a été proclamé vainqueur au premier tour de la présidentielle par la Cour constitutionnelle, malgré les mises en doute de la régularité du vote. Les semaines avant et après l'élection ont vu l'arrestation de centaines d'opposants, selon Amnesty International et Human Rights Watch.