Guinée : controverse sur la Constitution promulguée
28 mai 2020C‘est une affaire embarrassante pour le gouvernement guinéen : deux avocats, maître Pépé Antoine Lama et maître Mohamed Traoré, affirment que le texte de la Constitution promulguée par le président Alpha Condé, le 6 avril, n’est pas le même que celui adopté par les Guinéens lors du référendum controversé du 22 mars.
A titre d’exemple, ils citent la disposition relative à la candidature indépendante qui aurait disparu dans le texte promulgué. La composition de la Cour constitutionnelle aurait également été modifiée. Pour les deux juristes, plusieurs articles ont soit été modifiés soit carrément supprimés.
Pour Mamadou Lamine Fofana, ministre guinéen de la Justice, "le gouvernement n’a rien à cacher et entend faire la lumière sur cette affaire. Nous sommes en train de faire des vérifications. C’est un problème juridique important. Il se pourrait que des erreurs se soient produites. Je demande aux uns et aux autres de nous laisser le temps de vérifier. Nous n’avons aucun intérêt à cacher la vérité. En temps opportun, nous ferons une communication pour dire ce qui s’est réellement passé".
"C'est un parjure"
Pour l’opposition qui avait appelé au boycott du référendum du 22 mars, cette nouvelle controverse montrerait le mépris du pouvoir pour le peuple guinéen. Sydia Touré, ancien premier ministre et président de l’Union des forces républicaines (UFR) se montre très critique à l'égard d'Alpha Condé :
"C’est une infamie, quelque chose qu’on ne peut imaginer. Cela ne nous concerne pas parce que nous ne reconnaissons que la constitution de 2010. Mais ce qui a été promulgué comme texte est différent de ce qui a été adopté. C’est un parjure. Alpha Condé, rien ne l’arrête. Il fait les choses comme il l’entend. C’est une dictature qui se met en place et qui ne tient même pas compte des institutions qu’elle a créées."
La nouvelle Constitution guinéenne a été adoptée au terme de plusieurs mois de bras de fer entre le pouvoir et l’opposition. Un bras de fer qui a coûté la vie à une trentaine de manifestants selon les organisations de droits de l'homme.
L’opposition prête au président Alpha Condé l’intention de vouloir briguer un nouveau mandat à travers ce changement de Constitution. L’élection présidentielle est prévue à la fin de cette année.