Guinée : 20 ans de prison pour Moussa Dadis Camara
31 juillet 2024Le tribunal de Dixinn a rendu son verdict. Ainsi, les responsables de la junte à l'époque des faits ont été reconnus coupables de crimes contre l'humanité de par leurs responsabilités de commandement.
Dans la salle du tribunal de Conakry où les forces de sécurité avaient été déployées massivement, dix des douze accusés étaient présents à la lecture du verdict, dont Moussa Dadis Camara, en boubou jaune et vert, qui est resté impassible à l'annonce de la décision.
De la prison et de fortes amendes
Président de la junte à l'époque, Moussa Dadis Camara écope de 20 ans d'emprisonnement, tout comme le gendarme Moussa Tiégbora Camara, l'ex-secrétaire d’Etat chargé des services spéciaux, de la lutte antidrogue et du grand banditisme.
Toumba Diakité, l'ancien aide de camp de Moussa Dadis Camara, a lui été condamné à dix ans d'emprisonnement.
Claude Pivi, qui s'est évadé le 4 novembre 2023, a lui subi une réclusion criminelle et a donc condamné à la prison à perpétuité. Un mandat d'arrêt international a même été lancé contre lui.
D'autres également ont été condamnés pour crimes contre l'humanité, cette fois-ci pour responsabilité individuelle, à l'instar de Marcel Guilavogui, qui écope de 18 ans d'emprisonnement. Blaise Goumou a lui été condamné à quinze ans d'emprisonnement, Mamadou Aliou Keïta passera onze ans derrière les barreaux tandis que Paul Mensa fera dix ans de prison.
Les auteurs de ces crimes contre l'humanité vont payer jusqu'à trois milliards de francs guinéens pour indemniser les différentes victimes.
Quelques acquittements
Par ailleurs, le tribunal a purement et simplement décidé d'abandonner les poursuites envers d'autres accusés, à l'instar du Cécé Raphaël Haba, non présent au moment des faits.
Membre des forces de sécurité, Ibrahima Camara, alias Kalonzo, a également été déclaré non coupable. Ancien ministre de la Santé, Abdoulaye Chérif Diaby,, a été acquitté des charges portées contre lui, tandis qu'Alpha Amadou Baldé, membre des forces de sécurité, a été jugé non coupable.
Un épisode sombre de l'histoire de la Guinée
Pour rappel, le 28 septembre 2009, au moins 156 personnes ont été tuées, par balle, au couteau, à la machette ou à la baïonnette, et des centaines blessées, dans la répression d'un rassemblement de l'opposition dans un stade de Conakry et ses environs, selon le rapport d'une commission d'enquête internationale mandatée par l'ONU. Au moins 109 femmes ont été violées.
Les exactions ont continué plusieurs jours contre des femmes séquestrées et des détenus torturés dans ce qui est considéré comme l'un des épisodes les plus sombres de l'histoire contemporaine de la Guinée. Et les chiffres réels sont probablement plus élevés.