Guinée : l'ANAD dénonce le projet de nouvelle Constitution
21 août 2024C'est un nouveau bras de fer en gestation entre les partis politiques qui réclament la fin de la transition et le pouvoir militaire dirigé par Mamadi Doumbouya.
Dans un communiqué largement diffusé, les partis politiques proches de l'opposant Cellou Dalein Diallo exigent que les articles 46, 55 et 65 de la charte de la transition, relatifs à la non-candidature des responsables de la transition, conformément aux engagements pris par la junte au pouvoir, ressortent clairement dans l'avant-projet de nouvelle Constitution qui sera soumis à référendum.
L'Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie, l’ANAD, estime que cette interdiction est un principe fondamental destiné à garantir l’impartialité et l’intégrité du processus électoral de sortie de la transition militaire.
Faux, estime Mohamed Barry, responsable de la communication et de l'information du Conseil national de la transition, l’organe législatif non élu qui a remplacé l’Assemblée nationale.
"Ce n'est pas une révélation divine, c'est un travail fait par des hommes. Donc, si les êtres humains critiquent le travail fait par des êtres humains, c'est tout à fait normal. Mais ce qui serait mieux, puisque la Constitution va s'appliquer à toute la Guinée, au lieu de se mettre en marge, il faut plutôt rejoindre le navire pour que vos exigences et vos avis soient pris en compte."
L'opposition extra parlementaire estime, elle, que même avec l’entrée en vigueur d’une nouvelle Constitution et l’abrogation de la charte de la transition, les dispositions qui empêchent les membres de la junte de se présenter aux élections doivent rester en vigueur.
Probable candidature de Mamadi Doumbouya
Pour Mognouma Cissé, journaliste et analyste politique guinéen, cette déclaration de la coalition de l'opposition est une mise en garde légitime. Mais il doute qu’elle parviendra à faire reculer les militaires.
"Avec tout ce qui se passe, peut-être que c'est une mise en garde qui est normale et légitime. Il reste toutefois à voir s'ils parviendront à leur fin… Je ne le crois pas, parce qu'avec tout ce qui se passe à l'intérieur du pays, tout semble prédisposé à une éventuelle candidature de Mamadi Doumbouya."
Selon l'ANAD, l'omission des dispositions qui empêchent les militaires à se présenter aux élections violerait l’article 25 alinéa 4 de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance.
La présentation de l'avant-projet de nouvelle Constitution a coïncidé avec l'arrestation récente de deux activistes du Front national pour la défense de la Constitution.
Depuis plus d'un mois, Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah ont été enlevés par des militaires. Malgré la pression de la société civile et de certaines ONG internationales, le pouvoir militaire continue d’affirmer qu’il ignore où se trouvent les deux activistes du FNDC.