Une dizaine de journalistes arrêtés en Guinée
19 janvier 2024Ils s'étaient rassemblés à la Maison de la presse pour manifester leurs inquiétudes quant à liberté de presse, mais ils n'en ont même pas eu le temps... Ce jeudi 18 janvier, sous les yeux de leurs confrères, trois journalistes qui ressortent de l'institution sont arrêtés par une équipe de gendarmes. Des pickups des forces de l'ordre prennent place tout autour de la scène dans le quartier minière, commune de Dixinn, en banlieue de Conakry.
Pressions constantes
Scène impressionnante, mais pas surprenante. Les attaques contre la liberté de presse se multiplient en Guinée ces derniers mois. La presse privée ne cesse de dénoncer les attaques et, depuis plusieurs mois, certains réseaux sociaux sont inaccessibles.
Le pouvoir use de mots très durs contre les journalistes critiques. C'est dans ce contexte que le Syndicat des professionnels de la presse privée de Guinée (SPPG) appelait jeudi à un "déferlement humain" dans les rues de Conakry. Les syndicalistes étaient accompagnés par des organisations de la société civile.
Mais les autorités militaires avaient menacé les organisateurs avant même le début de la journée de mobilisation. Vendredi dernier, Ousmane Gaoual Diallo, ministre et porte-parole du gouvernement guinéen, avait tenté de discréditer les organisateurs, demandant si les professionnels agissaient "pour le compte d'acteurs politiques ou de la société civile." A la veille de la mobilisation, le ministre de l'Administration du territoire et de la décentralisation Mory Condé avait lui été encore plus ferme en menaçant de poursuivre "les auteurs et les commanditaires de tout acte de violence qui surviendrait suite à cet appel à manifester".
Des journalistes séquéstrés
Ce jeudi, à la Maison de la presse, les arrestations se sont multipliées. En plus de trois premiers, au moins six autres professionnels seront interpellés plus tard dans la journée. "Nous ne sommes pas surpris de leur barbarie, mais on n'avait pas imaginé qu'ils pouvaient aller jusqu'à violer le temple sacré de la presse guinéenne, qui est la Maison de la presse", réagissait jeudi soir Sékou Jamal Pendessa, secrétaire général du syndicat des professionnels de la presse privée de Guinée (SPPG), initiateur de la protestation.
Certains des journalistes interpellés ont été conduits à la gendarmerie territoriale de Dixinn et d'autres à la Brigade de recherche de Kipé où ils ont été auditionnés, sans être relâchés selon nos dernières informations dans la soirée de jeudi. A la Maison de la presse, d'autres journalistes et acteurs de la société civile rassemblés en vue de descendre dans la rue pour exprimer leur mécontentement face aux exactions du gouvernement de la transition contre les médias et la violation de la liberté de presse et d'expression sont aussi restés séquestrés jusqu'à tard dans la soirée.