Le sort de Mengué et Billo Bah toujours incertain
18 juillet 2024Leurs proches sont sans nouvelles d'eux depuis le 9 juillet dernier : Foniké Menguè et Billo Bah, deux membres du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) auraient été enlevés le 9 juillet, selon leur collectif, par des hommes dont on ignore officiellement l'identité. Selon le procureur général, "aucun établissement pénitentiaire du pays" ne détiendrait Oumar Sylla plus connu sous le nom de Foniké Mengué et Mamadou Billo Bah. Il a toutefois demandé au parquet d'ouvrir une enquête. La sortie du procureur général jette encore plus le trouble dans un dossier sensible.
Outre le Front national pour la défense de la Constitution, l'ONG de défense des droits humains Amnesty International, et le leader français de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, ont demandé la libération immédiate de Foniké Mengué et Mamadou Billo Bah.
Lettre à la CPI
Leurs avocats français, Vincent Brengarth et William Bourdon, s'adressent aussi au procureur de la CPI, Karim Khan, ce jeudi. "Nous vous écrivons en urgence pour vous faire part de la plus vive préoccupation de ceux que nous représentons, en lien avec la disparition très inquiétante de deux membres du FNDC", écrivent-ils. C'est dans ce contexte que les avocats guinéens ont entamé, mardi, une grève de deux semaines pour dénoncer ce qu'ils considèrent comme des "arrestations arbitraires".
Les Forces vives qui regroupent les partis politiques, les syndicats et les organisations de la société civile préparent par ailleurs une manifestation, qui devrait se dérouler ce samedi à Paris, pour dénoncer ces arrestations arbitraires et la non-exécution des décisions de justice.
Pour Ibrahima Balaya Diallo, du Forum des forces sociales de Guinée, la déclaration du procureur est inquiétante. Il s'exprime sur la DW ce jeudi.
DW : Quel sens donner à la déclaration du procureur général?
Ibrahima Balaya Diallo : C'est juste pour jeter un trouble, même dans la conscience populaire. D'ailleurs, sa déclaration pose un autre problème : où en sont ces deux jeunes activistes de la société civile guinéenne ? Parce que c'est ça aussi le problème qu'il faudra se poser. Est ce qu'ils sont toujours vivants ? Est ce qu'ils sont très amochés, qu'on ne peut pas les présenter ? Il faudra accuser une tierce personne pour dire que oui, ils ont été enlevés parce qu'il n'y avait pas de mandat. Parce qu'on a bien compris la déclaration du procureur général : il veut dédouaner la justice et le CNRD. Mais les gens ne sont pas dupes. Aujourd'hui, on a identifié, à travers les témoignages, ceux qui sont allés chez Foniké pour le trouver avec Billo. On sait que c'était une troupe mixte, composée de gendarmes, de militaires et de la police et des services de renseignement.
DW : Leur arrestation est la dernière en date d'une longue liste déjà. Selon le FNDC, ils seraient détenus sur l'île de Kassa, au large de Conakry. Comment comprendre que du côté des autorités, on ne confirme, ni n'infirme cela ? Pourquoi tout ce mystère selon-vous ?
Ibrahima Balaya Diallo : Kassa, peut être cela a été la destination initiale mais, entre temps, il y a des informations qui disaient aussi qu'ils étaient dans les locaux de la gendarmerie du général Balla Samoura aussi. Ce qui est sûr aujourd'hui, c'est qu'il y a un problème.
DW : Selon le procureur, ils ne sont dans aucun centre de détention du pays. Ce n'est pas la première fois que Foniké Menguè est interpellé. Quel pourrait être le moyen de pression du FNDC puisqu'on a vu qu'il y a quand même beaucoup de protestations, beaucoup de voix qui s'élèvent pour demander plus de clarté dans cette affaire ?
Ibrahima Balaya Diallo : Toute déclaration qui va dans le sens d'avoir une réponse claire sur l'enlèvement, parce que c'est un enlèvement, ce serait une très bonne chose. Maintenant, il faudrait qu'il y ait une convergence d'idées entre tous les acteurs sociopolitiques pour exiger que la lumière soit faite.