Guinée : inquiétudes autour de la santé de leaders du FNDC
10 novembre 2022Après trois mois de détention à la maison centrale de Conakry et toujours dans l’attente de leur jugement, les responsables du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), dissout par la junte au pouvoir, exigent la tenue de leur procès.
Oumar Sylla, alias Foniké Menguè, et Ibrahim Diallo ont commencé une grève de la faim mardi dernier (08.11.2022).
Selon Sékou Koundouno, responsable de planification du FNDC, ses collègues ont été kidnappés par la junte au pouvoir en Guinée et la justice est incapable de tenir un procès par manque de preuves.
Il met par ailleurs en cause le comportement des forces de l'ordre qui encadrent les manifestations.
"Foniké Menguè et Ibrahim Diallo développent des maladies, ils ont entamé une grève de la faim pour demander la tenue d’un procès, explique à la DW Sékou Koundouno. Mais c’est compliqué pour le ministre de la Justice du CNRD d'ouvrir un procès car comme vous le savez, lors des différents appels à manifester du FNDC, il y a eu des morts d’hommes par balles. Il faudrait que le ministre de la Défense soit présent et qu’il nous dise quelles sont les unités du bataillon aéroporté qui étaient présentes dans ces zones et qui ont ouvert le feu sur des militants prodémocratie."
"Défendre les acquis de la démocratie"
Dans une déclaration publiée dans la presse locale, l’épouse d’Oumar Sylla, Hawa Djan Doukouré, a déclaré que : "mon époux et Ibrahima Diallo souffrent le martyr de par la volonté des nouvelles autorités de faire taire toutes les voix dissonantes".
Celle-ci ajoute que "leur seul crime reste leur volonté de défendre les acquis de notre jeune démocratie en défendant le retour à l’ordre constitutionnel".
Par ailleurs, les organisations de défense des droits de l’Homme s’inquiètent de la situation des deux leaders du Front en raison de leur état de santé fragile. C’est le cas de l’organisation guinéenne des droits de l’Homme.
Alseny Sall, responsable de la communication de l’OGDH, invite la junte à réagir pour éviter le pire.
"Ils ont entamé cette grève de la faim, disent-ils, pour réclamer justice. Nous espérons de toute façon que les autorités entendent et agissent pour faciliter l’organisation rapide de leur procès, déclare Alseny Sall à la DW. D’autant plus que pour nous ce sont des détenus d’opinions. Il serait donc très regrettable de retarder leur procès et que nous enregistrions une situation que personne ne souhaite pour ces deux leaders de la société civile."
Depuis le début de la grève de la faim de ces leaders du Front national pour la défense de la Constitution, il n’y a eu aucune réaction de la justice.
Les proches des deux responsables emprisonnés sont préoccupés par leur santé, surtout pour ce qui concerne Foniké Menguè dont l’état pourrait nécessiter assez vite qu’il soit transféré d’urgence à l’hôpital.