Guillaume Soro préparait une "insurrection" selon la justice
27 décembre 2019"Nous sommes en face d’une cabale" ont lancé les avocats de l’ancien président de l’Assemblée nationale pour qualifier les accusations portées contre contre Guillaume Soro. L'ex-chef de la rébellion et candidat à la présidentielle de 2020 est accusé d'avoir préparé "une insurrection civile et militaire" pour s'emparer "incessamment" du pouvoir. Selon le procureur de la République d'Abidjan, Guillaume Soro préparait "un complot" en deux parties : d'abord une opération de communication à l'étranger pour "jeter le discrédit sur le régime" ivoirien, puis "une insurrection civile et militaire".
Maitre Diarrassouba Mamadou est l'un des avocats de M. Soro :
"Nous sommes en train de préparer un recours devant la Cour suprême et devant le Parquet général contre ce que nous considérons comme une violation flagrante des droits de notre client. On ne peut pas croire que des perquisitions ont été faites et qu'on a saisi des armes. Où ont-elles été faites, où a-t-on saisi des armes ? Peut-on, avec cinq kalachnikovs, porter atteinte à la sécurité de l'Etat ?"
Ces accusations s'appuient en particulier sur un enregistrement sonore effectué, selon le procureur, par les services de renseignement ivoiriens. On y entend deux hommes dialoguer, dont M. Soro. Il n'a pas été précisé où, ni quand, ni comment cet enregistrement il a été fait.
Maitre Diarrassouba Mamadou estime que la diffusion de cette bande sonore est une manoeuvre inacceptable :
"Cette bande sonore date de 2017. Comment se fait-il que depuis 2017 il n'y a pas eu de poursuites et que l'on attende que Guillaume Soro soit en discorde avec le système et avec les partis politiques, pour en faire un usage aussi gravissime que celui de le présenter comme un comploteur contre la sureté de l'Etat."
Des questions légitimes
Selon l'analyste politique et directeur de l'Institut de stratégie d’Abidjan Sylvain Nguessan, il faut laisser la justice faire son travail. Néanmoins, certaines interrogations lui semblent légitimes :
"Est-ce une manière subtile de maintenir Guillaume Soro à l’extérieur de la Côte d’Ivoire de sorte à neutraliser ses projets politiques notamment celui d'être candidat à la future élection présidentielle ? Ce sont des questions que l'on se pose. En même temps, on ne peut pas empêcher la justice faire son travail. S'il y a vraiment eu une tentative de déstabilisation, s'il y a eu un blanchiment d'argent, nous devons lutter contre la corruption sous toutes ses formes. Il faut que la vérité éclate."
Trois dossiers sont ouverts devant le doyen des juges d’instruction concernant cette affaire. Sur 17 personnes arrêtées, deux ont été libérées et quinze ont été mis sous mandat de dépôt d'après les avocats de Guillaume Soro.