Partir se battre en Ukraine, une décision difficile
4 mars 2022Ce vendredi (04.03) marque le neuvième jour de guerre en Ukraine et le conflit continue de s’aggraver, en dépit des sanctions et négociations. Bien avant l’intensification des bombardements de la Russie, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait appelé dimanche dernier (27.02) toute personne qui est en mesure de se battre à rejoindre l’Ukraine.
Un appel lancé aux étrangers à rejoindre la "légion internationale" qui a été relayé jusqu’en Afrique. Si dans certains pays, notamment européens, les candidats peuvent se rendre en Ukraine sans être inquiétés, dans d’autres, comme le Sénégal, le message est mal passé auprès des autorités.
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Un rappel à l'ordre
Dakar a en effet signalé son mécontentement auprès de Kiev après l'annonce d'un enrôlement au Sénégal de 36 personnes prêtes à aller se battre contre la Russie.
Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères du Sénégal signale avoir "appris avec étonnement la publication ce 3 mars sur la page Facebook de l'ambassade de l'Ukraine à Dakar d'un appel aux citoyens étrangers à venir à l'aide" de l’Ukraine.
Les autorités sénégalaises ont condamné cette initiative et rappelé que le recrutement de volontaires, mercenaires ou combattants étrangers sur le territoire sénégalais est illégal.
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Depuis, le message a été supprimé mais l’engagement de certains jeunes, prêts à aller se battre en Ukraine, suscite des interrogations sur leurs profils et leurs motivations qui divergent d’un individu à l’autre, selon Serigne Bamba Gaye, chercheur sur les questions de paix, sécurité et gouvernance :
"Ces jeunes qui veulent s'engager n'ont pas mis sur la table des convictions politiques ou religieuses. Ils sont seulement intéressés à répondre à un appel sans peut-être comprendre les enjeux qui tournent autour du conflit ukrainien. Depuis 20 ans, 30 ans on a vu qu'il y a beaucoup de recruteurs qui recrutent de jeunes Africains pour les emmener à jouer le rôle de mercenaires. Pourquoi ? Parce que ces jeunes sont payés, il y a l'appât du gain. L’autre élément qui me paraît important ce sont les réseaux sociaux qui font que n'importe quelle cause aujourd'hui peut avoir une dimension planétaire. Un pays qui a besoin de soutien, donc on va y aller."
En Algérie, le média en ligne TSA fait également état d'une réaction des autorités, similaires à celle du Sénégal vis à vis du message de Kiev.
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Partir juste pour "être là-bas"
En Europe, la Géorgie a empêché un groupe de volontaires, soldats aguerris du conflit contre la Russie, de se rendre en Ukraine. Ceci alors qu’ailleurs comme en Allemagne, au Royaume-Uni ou en France, les autorités ne les découragent pas.
Autre exemple, au Canada, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a déclaré qu'il appartenait aux Canadiens de décider s'ils voulaient rejoindre la brigade internationale ukrainienne. Certains comme Bryson Woolsey se préparent ainsi à partir. Ce jeune Canadien de 33 ans, sans aucune formation militaire, a quitté son emploi de cuisinier et compte se rendre en Ukraine avec un groupe via la Pologne pour se battre.
"J'ai vu des vidéos d'enfants réanimés dans des ambulances et de civils mourants, de soldats qui combattaient et de civils bombardés, d'appartements bombardés. C'est assez brutal là-bas", explique le jeune homme. "J'ai l'impression que je peux faire quelque chose, quoi que ce soit, que ce soit participer aux combats ou aider dans un but humanitaire ou quelque chose comme ça. Je veux juste être là-bas en train de faire quelque chose pour aider."
Certains jeunes volontaires se rendent directement en Ukraine pour s'enrôler. D'autres postulent dans les ambassades et consulats ukrainiens avant de quitter leur emploi ou d'abandonner l'université. Pour ceux qui, comme Bryson Woolsey, n'ont aucune formation militaire, l'inquiétude des proches est qu'ils servent de chair à canon.