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Fabriquer du savon pour subvenir à ses besoins

2 décembre 2021

Six mois après l'éruption du Nyiragongo, alors que l'aide pour les victimes est insuffisante, des femmes de Kayembe fabriquent du savon pour subvenir à leurs besoins.

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Des femmes déplacées suite à l'éruption du volcan Nyiragongo.
Des femmes déplacées suite à l'éruption du volcan Nyiragongo.Image : Guerchom Ndebo/AFP/Getty Images

Six mois se sont écoulés depuis la dernière éruption du volcan Nyiragongo qui a détruit des dizaines de maisons près de la ville de Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo. Mais l'aide financière pour les victimes de cette catastrophe est insuffisante et dans le camp de déplacés de Kayembe, au nord de la ville de Goma, une dizaine de femmes ont donc décidé de se mobiliser pour fabriquer du savon qu'elles vendent ensuite. Mais elles doivent aussi faire face aux préjugés quand elles vont en forêt pour chercher les produits nécessaires à cette fabrication.

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Se former

Dans le groupement Munigi, une dizaine de femmes se retrouvent chaque matin avec plusieurs feuilles de plantes différentes pour suivre une formation sur la fabrication de savon. Le but de cette initiative est de les aider à subvenir à leurs besoins. Chantal Ngomu, leur formatrice, explique que plusieurs raisons ont conduit à la naissance de ce projet qui a déjà formé 20 femmes affectées par l'éruption du Nyiragongo." Avant l'éruption du volcan Nyiragongo, nous faisions ce travail de fabrication de savon avec une autre femme. Nous avons perdu tout notre matériel après l'éruption. L'initiative de créer cette savonnerie est venue de notre donateur qui a décidé, au lieu de nous acheter de la nourriture, de nous accompagner dans la formation des mères et des jeunes filles pour que demain, elles puissent elles aussi produire du savon. Sans l'éruption du Nyiragongo, nous n'aurions jamais eu à nous rencontrer, ce qui est une raison pour laquelle nous avons décidé de renommer ce savon Nyiragongo " explique t-elle.

Les habitants des alentours du volcan Nyiragongo ont été obligés d'évacuer lors de l'éruption.
Les habitants des alentours du volcan Nyiragongo ont été obligés d'évacuer lors de l'éruption.Image : Moses Sawasawa/AP Photo/picture alliance

Lire aussi : Des habitants de retour à Goma, toujours ''zone rouge''

Aider les autres

Les femmes formées se disent satisfaites car cela leur permet de mieux vivre dans le camp de réfugiés où elles sont sans assistance. 

Marcelline Vumiliya, qui a tout perdu pendant l'éruption et qui fait partie des femmes qui suivent la formation, a l'ambition de former d'autres personnes à la fabrication de savon."Je me suis lancée dans cette formation pour voir si, à l'avenir, je ne pourrais pas aider ma famille ou les déplacées comme moi à fabriquer du savon, car nous traversons des moments difficiles dans le camp de déplacés. Nous n'avons pas d'endroit pour travailler. Nous, ainsi que nos enfants, sommes touchés depuis plusieurs semaines par le manque de nourriture. Même l'endroit où nous dormons n'est pas décent. Ce sont les difficultés que nous traversons " explique Marcelline qui dit espérer que cette savonnerie contribuera à résoudre ses problèmes. 

Ecoutez le reportage de Zanem Nety Zaidi

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Lutter contre les préjugés 

Cependant, la formatrice et ses élèves font face à des difficultés liées aux préjugés de la société et à l'insécurité car, pour trouver les plantes médicinales nécessaires à la fabrication du savon, il faut se lever très tôt le matin et aller dans les forêts des régions environnantes du territoire de Nyiragongo. Chantal Ngomu demande au gouvernement congolais de les soutenir.
 "Parfois, quand je suis à la recherche des feuilles, on pense que je suis une sorcière ou même que je fais des grigris, alors que je ne fais qu'aider les autres en respectant le processus de fabrication du savon. L'autre difficulté est de trouver les plantes nécessaires à la fabrication. Nous trouvons ces plantes à Rumangabo, Kibumba et Minova, au-delà de Goma. Nous allons dans les forêts pour chercher ces produits mais nous sommes parfois considérées comme ayant des activités suspectes " explique t-elle. 

Cette formation qui se poursuit va réunir 20 autres femmes en attendant que l'office congolais de contrôle valide les produits finis de la savonnerie, avant leur mise en vente.