Gaza : vives critiques contre une possible offensive à Rafah
26 mars 2024C’est une première en plus de cinq mois de guerre dans la bande de Gaza. Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté lundi [25.03.23] une résolution qui "exige un cessez-le-feu immédiat". Cette trêve "pour le mois du ramadan" doit "mener à un cessez-le-feu durable". Le Conseil exige aussi "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages" israéliens toujours détenus par le Hamas.
L’adoption de la résolution a été possible grâce à l’abstention des Etats-Unis lors du vote. Jusque-là, Washington avait à chaque fois usé de son droit de veto.
Ne pas appliquer cette résolution serait "impardonnable", selon le secrétaire général de l'Onu. La pression d’Antonio Guterres, lui-même tombé en disgrâce auprès des autorités israéliennes, risque toutefois de ne pas peser très lourd.
Des négociations dans l'impasse
Et c’est ainsi que le vote à New York a été suivi d’une nouvelle nuit de bombardements sur l’enclave palestinienne.
Au Qatar, où se déroulent les négociations autour d’une trêve et d’une libération des otages, rien ne filtre sur de possibles avancées.
Au contraire, la médiation qatarie affirme ne pas avoir "vu d'impact direct sur les discussions, elles se déroulent comme avant la décision" du Conseil de sécurité.
Pour Israël, l’équation est claire : sans le retour de tous les otages, la guerre contre l’organisation terroriste palestinienne continue. "Nous n'avons pas le droit moral d'arrêter la guerre tant qu'il y a des otages à Gaza", a rappelé hier son ministre de la Défense, Yoav Gallant.
Le spectre d’une offensive terrestre à Rafah
Pendant ce temps, la valse diplomatique se poursuit dans la région. Après le secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken, c’est la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock qui est à nouveau au Proche Orient. Elle rencontrait ce mardi à huis clos son homologue israélien.
La cheffe de la diplomatie allemande appelle à mettre fin à "l’enfer à Gaza", selon ses propres termes. Elle exhorte Israël à lever son blocus pour que l’aide humanitaire puisse arriver par voie terrestre, et à ne pas "se perdre dans ce conflit". L'armée israélienne a annoncé vouloir mener une opération terrestre d’envergure sur Rafah, dans le sud de l’enclave palestinienne.
C’est là-bas que sont massés des centaines de milliers de déplacés par ces plus de cinq mois de guerre. La plupart ont fui les bombardements au nord de Gaza et vivent aujourd’hui dans le dénuement le plus total, en l’absence d’aide humanitaire suffisante.
"Il ne doit pas y avoir d'offensive majeure sur Rafah", a dit Annalena Baerbock lors de son étape hier au Caire, car "les gens ne peuvent pas s'évaporer dans la nature".
Israël furieux contre les Etats-Unis
Israël estime que cette offensive militaire est toutefois nécessaire pour éliminer les derniers éléments restants de l’organisation terroriste. Une délégation israélienne de haut rang devait se rendre à Washington cette semaine, pour répondre aux inquiétudes et à l’opposition formulées par le président Joe Biden.
Mais l’abstention des Etats-Unis lors du vote du Conseil de sécurité a fait voler cette visite en éclats. En réaction, Israël a décidé d’annuler le déplacement.
Selon la Maison Blanche, une opération à Rafah présente des risques "immenses" pour les civils. Par communiqué, Antony Blinken "a rappelé le soutien des Etats-Unis à s'assurer de la défaite du Hamas" mais il estime qu’il existe de meilleures options qu’une invasion terrestre "qui permettraient à la fois de mieux assurer la sécurité d'Israël et de protéger les civils palestiniens", selon le département d’Etat américain, qui dit craindre une détérioration de la position d’Israël dans le monde.