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"Les victimes en Gambie reprennent espoir"

Srinivas Mazumdaru
1 décembre 2023

La militante Fatou Sandeng exprime sa satisfaction après la condamnation à perpétuité en Allemagne de l'ancien membre des "Junglers", Baï Lowe.

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Le fils de Deyda Hydara tenant une banderole avec d'autres personnes sur laquelle est inscrit "Yahya Jammeh et ses complices devant la justice".
Réfugié en Allemagne depuis 2012, Bai Lowe avait été interpellé à Hanovre en mars 2021. Image : Julian Stratenschulte/dpa/picture-alliance

Le Gambien Baï Lowe a été condamné à la prison à vie en Allemagne, jeudi (30.11.23) pour sa participation à un escadron de la mort.  Celui-ci a été reconnu coupable de crimes contre l'humanité, de meurtre et de tentative de meurtre pour son rôle de chauffeur au sein d’un commando connu sous le nom de "Junglers". 

Selon les procureurs fédéraux, l'unité des "Junglers" était utilisée par le président gambien, Yahya Jammeh "pour exécuter des ordres d'assassinat illégaux" dans le but "d'intimider la population gambienne et de réprimer l'opposition". 

La liste des crimes présumés comprend notamment l'assassinat, en 2004, du correspondant de l'AFP, Deyda Hydara, abattu dans sa voiture à la périphérie de Banjul, la capitale gambienne.

Les explications de Nancy-Wang Moussissa

Fatou Sandeng, fondatrice de la fondation Solo Sandeng, parle d’une avancée pour les victimes des crimes contre l’humanité à l’époque du président Jammeh. 

"C'est une étape importante pour tous les Gambiens. C'est un message très fort envoyé aux victimes pour leur dire que nous les soutenons, que le monde les soutient. Et cela créera également un précédent pour d'autres pays, des pays africains. Les victimes gambiennes reprennent espoir", conclut Fatou Sandeng. 

Pas d'accord d'extradition pour Yahya Jammeh 

Yahya Jammeh a dirigé la Gambie de manière autoritaire pendant 22 ans. Battu en janvier 2017 par Adama Barrow à l'élection présidentielle, il refuse de céder le pouvoir et proclame l’état d’urgence, avant de fuir le pays devant la pression populaire. Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique de l’Ouest de Reporters sans Frontières, se félicite de ce procès. Il espère aussi voir Yahya Jammeh devant la justice

Pour lui, "ces dernières années, la Gambie a fait des pas de géant. L’année dernière, la Gambie était presque première en Afrique en termes de liberté de la presse, ce qui est encourageant. Au-delà de Baï Lowe, il y a les autres commanditaires, dont Yahya Jammeh qui est actuellement en Guinée Equatoriale. Nous avons demandé son extradition pour qu’il soit également jugé."

Un goût d’inachevé... 

Baba Hydara tenant une photo de son père
Deyda Hydara était le fondateur du journal The Point et correspondant à Banjul de l'Agence France Presse (AFP) et de Reporters sans frontières (RSF).Image : picture alliance/dpa

Le fils du journaliste assassiné Deyda Hydara, Baaba Hydara, qui est également journaliste, en appelle à l’aide des pays africains. "D’autres, qui ont participé au meurtre de mon père, se cachent là-bas ! Et jusqu’aujourd’hui, le gouvernement gambien n’a rien fait pour les extrader vers la Gambie. L’Allemagne en a fait davantage que nos pays voisins", estime-t-il.

Des groupes de victimes et des organisations non gouvernementales ont été en première ligne pour demander des comptes aux responsables de l'ère Jammeh et ont lancé la campagne Jammeh2 Justice.

Le gouvernement gambien lui-même a déclaré plus tôt cette année 2023 qu'il travaillait avec le bloc régional de la Cédéao pour mettre en place un tribunal chargé de juger les crimes commis sous les madats du président Yahya Jammeh.