Gambie, un jour crucial
18 janvier 2017Yahya Jammeh reste farouchement opposé à l'investiture prévue de son successeur élu Adama Barrow, actuellement sous protection au Sénégal. Pourtant, la CEDEAO qui a échoué dans une médiation en Gambie dit espérer une transmission du pouvoir demain, dans les délais établis par la Constitution. Mais Yahya Jammeh persiste: il a décrété hier, mardi 17 janvier l'état d'urgence. Cliquez sur l'image pour écouter la version audio de cet article!
La CEDEAO veut croire au départ de Yahya Jammeh
Opposé à la victoire proclamée de son rival Adama Barrow à la présidentielle du 1er décembre dernier, Yahya Jammeh invoque "un niveau d'ingérence étrangère exceptionnel et sans précédent" dans le processus électoral de son pays. Dans une déclaration télévisée, il a proclamé l'état d'urgence en Gambie et affirme vouloir rester en place tant que la justice n'aura pas statué sur ses recours électoraux.
Mais la Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) est convaincue qu'il y aura prise du pouvoir par Adama Barrow. Une prise du pouvoir par la voie pacifique ou par la force. Même si l'organisation évite jusqu'ici de donner trop de précisions sur les conditions de mise en œuvre de l'option militaire, des informations indiquent que le Nigeria par exemple a déjà mobilisé des centaines d'hommes. Garba Shehu est le porte parole du président du Nigeria Muhammadu Buhari: "Notre position reste optimiste pour une transition pacifique du pouvoir le 19 janvier. Si cela n'est pas le cas, je ne pense pas que le Nigeria prendra l'initiative de quoi que ce soit mais le président élu de Gambie deviendra légitime et décidera pour son pays. Y aura-t-il une assistance militaire? S'il en fait la demande, la sous région va l'examiner !"
Mobilisation de la société civile
L'Union africaine a pris position pour les Etats de la CEDEAO. Outre la mobilisation internationale, des Gambiens poussent Yahya Jammeh vers la sortie. Le hashtag #GambiaHasDecided en est un exemple. Salieu Taal est Avocat et co-initiateur de cette mobilisation : "Le président Jammeh a opposé un refus à toutes les démarches diplomatiques tendant à lui faire accepter la volonté du peuple gambien. Et la seule option qu'il reste maintenant est celle de la force, face à son refus d'accepter les solutions diplomatiques."
La population prend en partie peur. Selon notre correspondant en Casamance, le flot de réfugiés gambiens qui cherchent protection au Sénégal ne cesse de grandir. Aussi, plusieurs ministres ont-ils décidé de quitter leurs fonctions.