Gambie : scrutin présidentiel sans suspense
25 novembre 2011Face au président sortant, l'opposition, qui a jugé totalement insuffisants les onze jours de campagne électorale, est restée divisée, et présente deux candidats: Ousaino Darboe et Hamat Bah. Le président Yahya Jammeh, qui sollicite un 4ème mandat est donc assuré d'emporter la victoire, d'autant qu'il s'agit d'un scrutin à un seul tour.
350 observateurs nationaux et internationaux supervisent le scrutin dans ce petit pays anglophone d’Afrique de l’Ouest, enclavé dans le Sénégal. Mais la CEDEAO, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest,elle, a décidé de ne pas envoyer d'observateurs, car les conditions d'une élection "libre, juste et transparente" ne sont pas réunies. Heinrich Bergstresser, journaliste et politologue, membre d'un institut allemand d'étude sur l'Afrique:
"La CEDEAO est une organisation des Etats d’Afrique de l’Ouest, et actuellement bien sûr ils ont d’autres choses plus urgentes à régler. Mais en même temps la décision de ne pas envoyer d'observateurs à ce scrutin est un signal fort à l’adresse de l’actuel président Jammeh pour qu’il réfléchisse à ce qu’il devrait faire et comment gouverner en respectant les droits de la population. Je pense que c’est une décision inhabituelle mais un signal très fort pour éviter le pire dans ce pays."
De nombreuses ONG accusent le régime gambien de graves atteintes aux droits de l'homme et à la liberté d'expression, et en particulier à celle de la presse. Heinrich Bergstresser:
"Jammeh a réussi à être un dictateur déguisé qui dirige le pays depuis 15 ans. Son régime est répressif et il est difficile pour les gens qui aiment la liberté et la démocratie de vivre en Gambie. Ce président est et reste un militaire dans le fond de son âme, même s’il ne porte plus l’uniforme. Il est autoritaire et fait ce que bon lui semble, il peut engager et limoger n’importe quel ministre, n’importe quel maire, n’importe quel fonctionnaire. C’est une véritable dictature dans un pays qui se prétend être une démocratie!"
La Gambie , membre du Commonwealth, est un pays qui souffre du manque de démocratie, mais est toutefois en bonne forme sur le plan économique.
Depuis son arrivée au pouvoir, Yahya Jammeh a doté la Gambie d'infrastructures modernes, de routes, d'écoles, et d'hôpitaux. Le taux de croissance attendu pour 2011 se chiffre à 5,5%.
La Gambie tire une bonne part de ses revenus du tourisme. Mais la plupart des quelque 1,7 millions de Gambiens sont exclus de cette croissance. La majorité vit avec moins de 2 dollars par jour.
Auteur: Philippe Pognan
Edition:Marie-Ange Pioerron