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Gambie : des manifestants exigent le départ d'Adama Barrow

17 décembre 2019

Le mouvement "Three years Jotna" demande au président gambien de se retirer du pouvoir le 19 janvier 2020. Candidat unique de l’opposition en 2016, il s'était engagé à quitter le pouvoir trois ans après son élection.

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Gambia Präsident Adama Barrow kündigt Wahrheitskommission an
Image : picture-alliance/AP Photo

Des milliers de personnes ont manifesté lundi (16.12.19) à Banjul pour exiger que le président gambien Adama Barrow quitte le pouvoir après trois ans, comme il s'y était engagé en devenant le candidat unique de l'opposition fin 2016, alors que le chef de l'Etat entend désormais diriger le pays jusqu'à 2021.

Les manifestants étaient encadrés par les forces de l'ordre, et ont défilé dans les rues de Banjul, la capitale.

Le président Adama Barrow a fait campagne pour un mandat de trois ans lors de la présidentielle de 2016, il devrait donc honorer sa parole et se retirer le 19 janvier 2020, selon le mouvement "Three years Jotna" (qui signifie "Trois ans, il est temps", dans un mélange d'anglais et de wolof).

Des manifestants exigent le départ du président Adama Barrow dans les rues de Banjul le 16 décembre 2019
Des manifestants exigent le départ du président Adama Barrow dans les rues de Banjul le 16 décembre 2019Image : DW/O. Wally

Démissionné après trois ans et organiser des élections où il ne peut être candidat, c'était l'accord conclu entre Adama Barrow et la coalition de plusieurs partis politiques et groupes de la société civile qui l'a porté au pouvoir.

Mais pour Peter Penar, analyste politique et professeur à l'université de l'État du Michigan, Adama Barrow peut bien aller au bout de son mandat de cinq ans.

Selon lui, "la principale préoccupation est que Barrow est perçu comme quelqu’un qui change les règles au sein de sa coalition. La constitution actuelle de la Gambie permet aux présidents dûment élus d'exercer leur mandat jusqu'à son terme. Barrow insiste sur ce fait et constitutionnellement, il est sur un terrain assez solide".

Promesse

L’économiste et blogueur politique indépendant basé à Banjul Nyang Njie, va encore plus loin. Pour lui, "cette demande de 'Three years Jotna' est basée sur une promesse faite par le candidat de l'époque, Adama Barrow, qui est morale plutôt que juridique".

Grandes attentes

Les Gambiens nourrissaient de grandes attentes à l’arrivée du président Adama Barrow, car ils avaient soif de changement. Même si pour certains, le nouveau président peine toujours à trouver ses marques, Peter Penar insiste sur les progrès réalisés dans plusieurs domaines, dont celui des droits de l’homme.

De gauche à droite, l'opposant historique Ousainou Darboe et le président Adama Barrow
De gauche à droite, l'opposant historique Ousainou Darboe et le président Adama BarrowImage : DW/O. Wally

"Sur les réseaux sociaux, on parle beaucoup d'un bon président qui a mal tourné. C'est certainement exact. L'agenda post-Jammeh était et est encore long. La vérité sur les violations des droits de l'homme et la corruption sous Jammeh, l'économie qui doit être mise sur les rails", soutient l’analyste politique. Il estime qu’"à bien des égards, Adama Barrow a tenu plusieurs promesses. En particulier, la Commission de vérité et réconciliation a été une bonne chose et l'économie se développe assez bien. Le point critique est que la politique prend un caractère personnalisé". 

Peter Penar fait allusion aux tensions entre Adama Barow et Oussainou Darboe, le leader du Parti démocratique unifié (UDP) et opposant historique au président déchu, Yahya Jammeh.

Adama Barrow n’apprécie guère d’être considéré comme un président  "par accident".

Il apprécie encore moins que certains persistent à voir en Oussainou Darboe le véritable patron de la "nouvelle Gambie". Il l’a donc limogé de son poste de vice-président en mars 2019.

Nafissa Amadou Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique