Avenir incertain pour les commerçants rwandais et congolais
7 novembre 2022À la petite barrière, entre la ville de Goma en RDC et celle de Gisenyi au Rwanda, Clarice Batenchi hésite à passer au Rwanda où elle a l'habitude d'acheter des tomates qu'elle revend à Goma. Si la frontière venait à fermer, elle se retrouverait sans travail : "Moi je traverse chaque matin pour aller chercher des tomates au Rwanda. Je ne sais pas ce que je ferais si l'on fermait la frontière, car c'est tout ce que j'ai comme activité."
Activités au ralenti
Bien que la frontière soit ouverte, Erick Ngaboyeka, vendeur congolais de légumes, pense déjà à sa probable fermeture dans un future proche, et il s'inquiète du sort de sa famille : "Je pars souvent au Rwanda pour acheter des tomates et d'autres légumes mais ces derniers temps les activités ne tournent pas bien. J'ai comme l'impression que d'ici quelques jours, la frontière pourrait être fermée, et nous qui survivons grâce à ces petites activités, nous estimons qu'il nous sera difficile de faire vivre nos familles."
Dirigeants égoïstes
Si, en raison de la tension diplomatique entre la RDC et le Rwanda, la frontière entre les deux pays était fermée, ce serait la preuve que les dirigeants des deux Etats se préoccupent de leurs propres intérêts et non de ceux de leur population, estime Bertin Sengiyumva, un jeune Rwandais tenancier d'un petit magasin de téléphones portables à Goma : "Moi j'effectue toutes mes activités ici à Goma et si on fermait la frontière je souffrirais beaucoup. La politique nous impose parfois des situations difficiles mais je crois que les dirigeants devraient songer au bas peuple avant de prendre certaines décisions."
Depuis la reprise des affrontements entre les forces armées congolaises et les rebelles du M23 au Nord-Kivu, les relations ont empiré entre la RDC et le Rwanda. La rébellion du M23 contrôle actuellement une grande partie du territoire de Rutshuru et le Rwanda est accusé par le gouvernement congolais d'intervenir dans cette guerre meurtrière, une accusation que Kigali rejette.