Fatou Bensouda, une Africaine à la tête de la CPI
12 décembre 2011A l'égard de Fatou Bensouda, les éloges ne tarissent pas. Ceux qui la connaissent parlent d'une femme compétente, calme, mesurée, diplomate et surtout à l'écoute de ses interlocuteurs. Des qualités qui lui ont sans doute permis de gravir les échelons et de s'imposer comme successeur indiscutable de Louis Moreno Ocampo. Le professeur Kai Ambos, chef du service pour le droit pénal étranger et international à l'université de Göttingen en Allemagne, n'est pas lui non plus avare en éloges à l'endroit de la magistrate gambienne :
«Parce qu'elle connaît la juridiction de l'intérieur et pour avoir été l'adjointe de monsieur Ocampo, elle sait aussi les erreurs que ce dernier a faites. Elle est informée et peut rendre le système meilleur que sous Ocampo. Elle est une personne respectée et jugée très prudente, pas seulement parce qu'elle est femme et Africaine, ce qui est important pour la légitimation de la cour, mais aussi à cause de sa compétence et de sa sagesse. Quand j'ai fait sa connaissance, je l'ai trouvée très sociable et quelqu'un qui traite très bien les gens. »
Une main tendue à l'Afrique
Née en 1961 à Banjul en Gambie, Fatou Bensouda peut se targuer d'une longue et prestigieuse carrière juridique. Première spécialiste de droit maritime international dans son pays, elle entre au ministère gambien de la justice à la fin des années 1980 pour ensuite se retrouver en 1998, à la tête de ce ministère. Quatre années plus tard, c'est le tribunal pénal pour le Rwanda qui l'accueille en qualité de conseillère juridique et substitut du procureur. En 2004, elle est désignée procureure adjointe de la CPI. Aujourd'hui, en passe d'être élue procureure de cette juridiction, Fatou Bensouda aura sans doute pour premier défi de rassurer l'opinion africaine qui voit en la CPI, un nouvel instrument de l'impérialisme occidental :
« Je suis scandalisée par les affirmations selon lesquelles la Cour pénale internationale ne vise seulement que des Africains. La lutte contre l'impunité n'est nullement une affaire de néocolonialisme d'autant qu'elle est soutenue par les pays africains. »
Et au nombre des dossiers qui attendent Fatou Bensouda, en juin prochain à sa sa prise de fonction, il y a celui de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, ou encore le mandat d'arrêt international de la CPI contre le Soudanais Omar El Béchir
Auteurs : Lina Hoffmann, Georges Ibrahim Tounkara
Edition : Marie-Ange Pioerron