Les espoirs perdus des athlètes afghanes
16 août 2022Au lendemain de son mariage, Nilofar a vu son pays tomber aux mains des talibans. La footballeuse a très vite compris qu'elle n'avait plus aucune perspective de pratiquer son sport favori. Elle a donc décidé de quitter l'Afghanistan.
A l'aéroport de Kaboul, Nilofar a insisté pour que les seize joueuses qu'elle entraîne montent à bord d'un avion, direction Doha et le Qatar. Seules huit d'entre elles y sont parvenues. Nilofar craint maintenant pour les vies de celles qui ont dû rester et qui risquent d'être punies par les Talibans juste parce qu'elles sont des femmes ayant pratiqué une discipline sportive :
"Les Talibans veulent faire croire aux femmes que faire du sport ou toute autre activité est un crime. Selon eux, les femmes doivent rester à la maison et s'occuper des tâches ménagères. C'est tout", avance la footballeuse.
"Elles doivent être accompagnées par un homme pour aller au marché. Si une femme sort toute seule, elle peut être sévèrement punie : les Talibans l'attrapent, la mettent en place publique, appellent d'autres hommes pour lui jeter des pierres dessus, avant d'essayer de la brûler vivante. Voilà le type de punition réservé aux femmes."
Conséquence : à Kaboul et ailleurs dans le pays, beaucoup de femmes se cachent aujourd'hui, tandis que certaines se blâment pour avoir pratiqué une activité sportive et amené le danger sur leurs familles.
Des menaces mises à exécution
L'avenir n'est pas forcément resplendissant pour celles qui sont parvenues à quitter le pays : aujourd'hui au Kazakhstan, Muzhgan Sadat a vu la situation se dégrader très rapidement. L'ancienne capitaine de l'équipe nationale de volleyball, partie en 2019, se rappelle des menaces continuelles des talibans concernant la pratique du sport par des femmes. Des menaces mises à exécution :
"Nous avons perdu 20 ans d'efforts. Nous avons travaillé très dur pour construire une équipe. Nous avions réussi à convaincre des femmes, encouragé des familles à faire du sport en Afghanistan et du jour au lendemain, ça a été la fin du rêve : tu te réveilles et tu te dis que plus rien ne sera comme avant", regrette la volleyeuse.
Malgré les menaces des talibans et les invectives sur les réseaux sociaux, malgré la distance et le déracinement, Nilofar et Muzhgan Sadat ne comptent pas pour autant relâcher leurs efforts : elles gardent l'espoir de revoir un jour des femmes faire du sport librement en Afghanistan.