En RDC, Kamerhe face à un scandale de 15 millions de dollars
9 septembre 2019L'affaire remonte à la mi-juillet 2019. A l'époque, le Trésor public congolais annonce le versement de 100 millions de dollars à des sociétés pétrolières pour compenser leur manque à gagner.
L'Etat est censé récupérer 15% de cette somme.
Mais au lieu d'atterrir dans les caisses de l'Etat, les 15 millions de dollars sont versés sur le compte d'un "comité de suivi des prix des produits pétroliers".
Ce qui constitue une violation des dispositions légales régissant les finances publiques", fait observer l'Inspection Générale des Finances (IGF) dans un rapport qui attribue la responsabilité de cette "irrégularité" à plusieurs officiels, dont le directeur de cabinet du chef de l'Etat, Vital Kamerhe.
L'affaire prend une nouvelle dimension, le 31 juillet, lorsque le document est transmis au procureur général près la cour de cassation qui ouvre immédiatement une enquête.
Les contrôles de l'IGF critiqués
Mais les missions de contrôle diligentées par l’Inspection Générale des Finances sont alors suspendues par le directeur de cabinet de la présidence, en l'occurrence Vital Kamerhe, qui dénonce l’irrégularité de ces investigations.
Faux, estime Ernest Mpararo, secrétaire général de la Ligue congolaise de lutte contre la corruption :
"Lorsque certaines institutions veulent ces contrôles, il y a toujours des hommes politiques qui font obstruction dont le directeur de cabinet du chef de l’Etat. Notre budget est en dessous de la moyenne dans la région parce que les opérateurs économiques sont en connivence négative avec les régies financières pour ne pas payer les taxes. Donc, nous estimons que l’Inspection Générale des Finances doit aller rencontrer le chef de l’Etat pour discuter de cette situation "
L’Association congolaise pour le suivi des réformes de l’action publique s’insurge également contre cette lettre du directeur de cabinet de Félix Tshisekedi qui traduit une volonté d’entraver le travail d’un organisme de contrôle des finances et recettes publiques.
L’un des ses membres, Jean Keda Kangodie, dénonce le trafic d’influence :
"Vital Kamerhe n’a pas la qualité de suspendre les missions de contrôle. Car il devient juge et partie parce qu’il est nommément cité dans le rapport. Quel rôle il a joué, on n’a pas les détails, nous n’avons que les conclusions. C’est pourquoi nous demandons que la lumière soit faite afin que nous sachions qui a joué quel rôle. "
Arrestations de militants de la Lucha
Vendredi, treize militants du mouvement "Lutte pour le changement" (Lucha), ont été interpellés à Kinshasa alors qu'ils manifestaient pour exiger la lumière sur les 15 millions de dollars qui aurait dû se retrouver dans les coffres forts du trésor public congolais.
Quant à Vital Kamerhe, le directeur du cabinet de Félix Tshisekedi, il n'a toujours pas été entendu par un juge. Il nie cependant toute implication dans ce scandale. "Mon nom n'apparaît pas dans le rapport de l'IGF, l'Inspection Générale des Finances, et il n'y a pas eu de détournement", dit-il dans un entretien à paraître dans le magazine Jeune Afrique daté de ce lundi.
Appel de Félix Tshisekedi
Ce dimanche 8 septembre, dans une adresse à la nation, le chef de l'Etat congolais, Félix Tshisekedi, a plaidé en faveur d'un "changement des mentalités" en République démocratique du Congo.
"A ceux qui sont responsables de la gestion des affaires publiques, a-t-il déclaré, le premier signe visible du changement sera celui de votre comportement, de votre compétence dans la gestion de la mission qui vous est confiée par le peuple congolais". Le message présidentiel était diffusé sur la chaîne publique RTNC.