En Guinée, une vidéo qui crée l'indignation
31 janvier 2020La vidéo a été vue des centaines de milliers de fois. Elle montre des agents de police pris à partie par de jeunes manifestants.
L’un des policiers maintient devant lui une femme, Fatoumata Bah, qu'il utilise comme bouclier humain alors que des militants de l'opposition lancent des cailloux.
Affolés, les quatre agents de police se replient. L'un d'entre eux soulève la femme et court avec elle avant de la traîner sur quelques mètres alors qu'elle était au sol.
La scène s’est déroulée mercredi (29.01.20) à Wanindara, un quartier de la commune de Ratoma considérée à Conakry comme un bastion de l’opposition.
Une femme déboussolée
Fatoumata Bah, mère d’un bébé de sept mois, se serait retrouvée sur les lieux alors qu’elle recherchait, a-t-elle expliqué à des médias locaux, un proche blessé dans une manifestation.
Un journaliste guinéen qui a rencontré la victime parle d’une personne "très déboussolée, apeurée, humiliée et moralement abattue". Elle a aujourd’hui honte, aurait-elle confié au journaliste.
La victime a été conduite à l’hôpital vendredi (31.01.20) pour des examens.
Condamnations
La vidéo a choqué toute la classe politique en Guinée. Des acteurs politiques ont rendu visite à la victime.
Pour Amnesty International, il est inacceptable qu’une personne soit utilisée comme bouclier. François Patuel, chercheur sur l’Afrique francophone dénonce "une grave et inacceptable violation des droits humains. Il est impératif que les autorités ouvrent une enquête, que les responsabilités soient établies et que les personnes qui sont suspectées responsables de cette situation, y compris les supérieurs hiérarchiques, soient présentées devant les tribunaux dans le cadre d’un procès équitable".
Dignité bafouée
Selon Asmaou Barry, une activiste sociale qui suit de près cette affaire et qui est en contact avec la victime, des avocats ont déposé une plainte vendredi (31.01.20). Une autre devrait suivre lundi (03.02.20). Asmaou Barry insiste sur la dignité de la victime qui est à restaurer. "Aujourd’hui, c’est ce qui est important. C’est vrai qu’elle a subi des brutalités mais c’est surtout que sa dignité a été bafouée, c’est ce qui lui fait le plus mal aujourd’hui", affirme-t-elle.
Le ministre de la Sécurité, Albert Damatang Camara s’est dit indigné par l’acte de ces policiers. Selon le directeur général de la police, un des agents a été arrêté et va subir une sanction administrative.
L’affaire devrait donc être portée devant la justice. Selon Amnesty International, le cas de cette dame n’est pas isolé en Guinée, surtout depuis le début des manifestations du Front national pour la défense de la constitution (FNDC) contre un éventuel troisième mandat du président Alpha Condé.