Emeutes en France : une jeunesse en colère
30 juin 2023La France est toujours sous tension. Ce vendredi (30.06.2023), le président de la République est rentré en urgence à Paris pour une réunion interministérielle de crise. Le gouvernement français essaye depuis le début de la semaine d'endiguer les violences urbaines.
Depuis la mort de Nahel, les scènes de pillage et de dégradation de bâtiments et de matériel publics se sont multipliés. Une façon pour les auteurs, souvent très jeunes, d'exprimer leur colère face aux violences policières.
Des mesures d'endiguement
Ainsi la Première ministre française a demandé aux préfets d'interdire la circulation de tous les transports en commun du pays après 21h ce soir.
Interdiction de vente de feux d'artifice, de rassemblements, envoi de blindés de gendarmerie... Le président français Emmanuel Macron a même appelé à la responsabilités des parents à la sortie de sa cellule de crise.
"Un tiers des interpellés de la dernière nuit sont des jeunes, voire des très jeunes", a-t-il signalé. "Il est de la responsabilité des parents de les garder au domicile. La République n'a pas vocation à se substituer à eux."
Un problème plus profond
Mais comment expliquer la présence de tous ces jeunes, souvent issus de banlieues, dans ces émeutes ?
Ce n'est pas la première fois qu'un drame de ce genre se produit en France, ni que cela entraîne des émeutes. En 2005, la mort de deux adolescents, électrocutés dans un transformateur électrique où ils s'étaient cachés pour échapper à la police, avait entraîné trois semaines consécutives d'émeuteset la déclaration par le gouvernement d'un état d'urgence.
Il y a depuis une quarantaine d'années un schéma qui se reproduit, souligne Henrik Uterwedde, politologue et ancien directeur de l'Institut franco-allemand de Ludwigsbourg : "Ce genre de bavure se produit souvent dans les zones des banlieues, qui sont des zones de tensions sociales parce qu'il y a une population plutôt pauvre, avec beaucoup d'immigrés, beaucoup de jeunes qui n'arrivent pas à se faire un trou dans la société, ni par les diplômes, ni par l'emploi."
L'expression d'un racisme systémique ?
L'expert ajoute aussi que cette population qu'il décrit dans les banlieues françaises "vit une discrimination raciale réelle."
Les Nations unies ont d'ailleurs appelé ce matin la France à "s'attaquer sérieusement aux profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale parmi les forces de l'ordre".
Une remarque que le ministère des Affaires étrangères français a jugé "totalement infondée" dans un communiqué. "La France et ses forces de l'ordre luttent avec détermination contre le racisme et toutes les formes de discriminations", a ajouté le Quai d'Orsay.
Les obsèques du jeune Nahel sont prévues samedi 1er juillet, selon le maire de Nanterre.