Elections législatives et référendum reportés en Guinée
28 février 2020Le président Alpha Condé a affirmé que ce report de deux semaines n’est ni "une capitulation ni une reculade".
Après des mois de protestations meurtrières contre ce que l'opposition considère comme une manoeuvre du président pour rester au pouvoir, celui-ci assure qu'il s'agit de doter son pays d'une Constitution "moderne". Elle codifierait l'égalité des sexes, interdirait la circoncision féminine et le mariage des mineurs. Elle veillerait à une plus juste répartition des richesses en faveur des jeunes et des pauvres.
Quelques sept millions de Guinéens étaient appelés aux urnes ce dimanche 1er mars. Redoutant une réaction violente de la police, l'opposition semblait attendre avant de demander à ses partisans de manifester le jour J.
L’opposition a décidé de boycotter les élections législatives et le référendum. Elle dénonce un "coup d'Etat constitutionnel".
Pressions africaines et internationales
L’Union africaine s'est désolidarisée, ce vendredi, du processus électoral en cours en Guinée. L’organisation panafricaine a rappellé sa mission d'observation qui était arrivée à Conakry pour suivre les scrutins.
Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat s'est dit "préoccupé par les récents développements pré-électoraux en Guinée".
Jeudi soir, c'est la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) qui avait dit renoncer à déployer des observateurs "parce que la situation sur place n'est pas exempte de tout risque".
La Cédéao avait aussi annulé à la dernière minute une mission de bons offices de plusieurs chefs d'Etat africains en invoquant l'agenda du président guinéen Alpha Condé.
L'Organisation internationale de la francophonie (OIF), accompagnatrice du processus électoral en Guinée, a de son côté jugé "problématiques" presque 2,5 millions de noms d'électeurs figurant sur les listes. Elle a parlé de doublons et de présence sur les listes de personnes décédées.
L'opposition reste mobilisée
Ce vendredi (28.02.2020) encore, des femmes du FNDC, le Front national pour la défense de la Constitution, ont manifesté à Kaloum, un quartier de Conakry où se trouve la présidence, pour dire non au troisième mandat et au double scrutin du dimanche 1er mars.
Cette journée de vendredi, le FNDC était en consultation pour déterminer les directives à donner à ses partisans pour dimanche, a expliqué Lansana Kouyaté, ancien premier ministre et président du Parti de l’espoir pour le développement national, un parti membre du FNDC.
Selon lui "les consultations continuent, mais même si nous ne voulons pas des élections, nous réclamons un boycott tranquille. Parce que nous sommes du côté du peuple".
Même si rien n’a encore été décidé, Lansana Kouyaté "demande aux forces de l’ordre, à la sécurité et à la défense, de savoir raison garder et ne pas tirer sur ceux qui ne veulent pas que ces élections se tiennent".