El Niño, un phénomène climatique fait des ravages en Afrique
25 avril 2024El Niño est un phénomène météorologique qui se produit de manière irrégulière, tous les deux à sept ans, lorsque l’océan Pacifique se réchauffe et provoque une hausse des températures mondiales.
En Afrique, El Niño a fait des ravages tout au long de l'année dernière et continue à faire souffrir de nombreuses régions en 2024.
Ce phénomène naturel entraîne des conditions météorologiques extrêmes, allant d'inondations dévastatrices à des sécheresses prolongées - le Kenya, la Tanzanie, l'Ethiopie et l'Afrique australe étant les zones les plus durement touchés.
Des pluies torrentielles au début du mois ont ainsi fait plusieurs dizaines de victimes en Tanzanie et au Kenya.
Selon l'organisation humanitaire Oxfam, plus de 20 millions de personnes sont confrontées à la faim et à la malnutrition en Afrique australe à cause de la sécheresse, qui affecte les réserves d’eau et les récoltes.
Selon le Fonds alimentaire mondial, "le déficit de production attendu, notamment pour le maïs, devrait intensifier l'insécurité alimentaire, faire grimper les prix et augmenter les besoins d'importation" dans la région, alors que le maïs représente près de 20% de l'apport en calories consommées dans les pays de la zone.
Manque de moyens financiers
Des pays comme la Zambie, qui se battent avec la pire sécheresse de leur histoire, manquent cruellement de moyens financiers pour soutenir leur population.
Grace Ronoh, militante écologique kenyane, estime que "les pays en développement ne sont pas en mesure de donner la priorité à la crise climatique parce qu'ils ont besoin de financement pour y parvenir. Or, à l'heure actuelle, la plupart des pays sont endettés, et ils donneront la priorité au remboursement de la dette.”
Lors des réunions annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale à Washington, Grace Ronoh a ainsi plaidé en faveur d'une réforme des institutions financières pour optimiser l'accès aux fonds pour les urgences climatiques.
"Nous devons supprimer la mille-feuille administrative et réformer la Banque mondiale pour nous assurer qu'elle soit équitable. Il faut aussi supprimer les mécanismes trop compliqués qui limitent l'augmentation du financement pour faire face aux problèmes climatiques”, assure la militante.
Le 16 avril, une réunion des donateurs, organisée sous l'égide des Nations unies pour faire face à la crise humanitaire en Ethiopie, a certes permis de récolter 630 millions de dollars, mais la somme est loin de l'objectif initial qui était d'un milliard de dollars.
Des stratégies pour l'avenir
David Gikungu, directeur du département météorologique du Kenya, entrevoit toutefois le bout du tunnel. Il dit s’attendre “à ce que la saison (du phénomène El Niño) se termine dans la plupart des régions vers la fin du mois de mai. Sur le littoral, nous nous attendons à ce qu'elle se termine vers le mois de juin".
Il ajoute que la collaboration entre les services météorologiques, les agences de gestion des catastrophes et les gouvernements est cruciale, soulignant que dans le cas du Kenya, le rôle du ministère kenyan de l'environnement et du changement climatique en tant que fer de lance est essentiel.
"Il existe des bureaux chargés de suivre et d'informer. Nous travaillons avec d'autres acteurs qui s'occupent de la gestion des catastrophes, et ils sont tous soutenus par le gouvernement", explique David Gikungu, même si le dispositif n’a pas permis d’éviter les conséquences meurtrières des récentes inondations.
"Chaque fois qu'il y a des inondations, on peut s'attendre à des problèmes d'eaux usées", note également le météorologue. "Lorsque vous cuisinez avec de l'eau contaminée, vous vous exposez à des problèmes comme les épidémies de choléra".
En Zambie et au Zimbabwe, les pénuries d'eau ont en effet favorisé l'apparition du choléra et d'autres maladies liées à la qualité de l’eau, selon le groupe de recherche World Weather Attribution.