"Digital Benin" archive les trésors du royaume du Bénin
11 novembre 2022Digital Benin documente les œuvres pillées dans l'ancien royaume du Bénin, des œuvres réparties actuellement dans 131 musées de 20 pays.
En 1897, les troupes britanniques ont envahi le royaume du Bénin, qui se situe désormais dans les frontières du Nigeria mais couvrait aussi une partie du Bénin et du Togo.
Elles ont détruit Edo, la capitale du royaume, et emporté des trésors artistiques - volant ainsi l'identité culturelle de ce peuple. Un millier de ces œuvres se sont retrouvées au fil des ans en Allemagne.
Le projet, lancé officiellement il y a deux ans, offre pour la première fois une vue d'ensemble de toutes les œuvres dont la localisation est actuellement connue.
Sous l’égide d'un musée de Hambourg, une équipe internationale, avec l'aide de conseillers scientifiques, a contacté des musées du monde entier. Elle a ainsi pu recueillir des données pertinentes pour la plateforme Digital Benin.
Plus de cinq mille objets répertoriés
Plus de 5.000 objets du royaume du Bénin étaient disponibles lors du lancement, ces œuvres d'art étant conservées en Australie, en Nouvelle-Zélande, aux Etats-Unis, au Canada, en Israël ainsi que dans 14 pays européens, dont l'Allemagne, l'Angleterre et la France.
La mise en ligne de la plateforme Digital Benin a été possible grâce à un financement de plus d'un million d'euros de la fondation pour l'art Ernst von Siemens.
Malgré le débat pas toujours exempt de frictions sur la restitution des œuvres d’art aux pays d'origine, la collaboration avec les musées s'est déroulée de manière "ouverte et satisfaisante”, explique Felicity Bodenstein, maître de conférences à l'Université de la Sorbonne à Paris et responsable du projet Digital Benin.
En revanche, il est impossible de savoir combien d'objets au total sont dispersés dans le monde, précise Felicity Bodenstein. "Une documentation complète n'est pas possible".
On ne sait donc pas combien d'œuvres ont été perdues ou se trouvent aujourd'hui dans des collections privées - d'autant plus que le marché noir, par définition opaque, continue de se développer, poursuit Felicity Bodenstein.
Il y a quelques années, un débat public a vu le jour sur la restitution aux pays africains des œuvres pillées, avec notamment l'exemple des "bronzes du Bénin".
Par restitution, Felicity Bodenstein ne pense pas uniquement à la restitution d'un objet. "Il y a plus que cela, il y a aussi le retour des connaissances sur les objets". C'est à cela aussi que doit contribuer la plateforme Digital Benin, accessible via l'adressedigitalbenin.org.