Des pays menacés par le terrorisme malgré le coronavirus
1 avril 2020Le nombre de personnes infectées au coronavirus en Afrique est faible comparativement aux autres continents mais des dizaines de nouveaux cas sont dénombrés quotidiennement.
La plupart des pays touchés par l’insécurité en Afrique, font face à l'épidémie de coronavirus. Or, leurs systèmes politiques et sociaux sont déjà affaiblis par les attaques terroristes. Avec l’aggravation de l’épidémie, ces systèmes pourraient s’effondrer.
Faiblesse des systèmes sanitaires
Le risque est donc élevé que la pandémie "aggrave les crises et les conflits déjà existants", prévient Elissa Jobson, directrice Afrique de l'International Crisis Group.
C’est ce qu’estime aussi Ousmane Kornio, spécialiste des questions sécuritaires au Mali : "Dans la mesure où le gouvernement a d’autres préoccupations en ce moment que la lutte contre le terrorisme, on peut dire que c’est une période très propice pour les terroristes pour se préparer à contrattaquer."
Ce que craint Ousmane Kornio, tout comme la directrice Afrique de l'ICG, c'est l’effet domino : c’est-à-dire l'effondrement des systèmes de santé qui pourrait provoquer des troubles et des émeutes. Ce qui entrainerait la répression des forces de sécurité.
Le manque de confiance des populations en leurs dirigeants et des besoins existentiels inassouvis ou la faim à cause du confinement et des couvre-feux pourraient encore envenimer la crise.
Coronavirus, une aubaine pour les djihadistes
Une aubaine pour les djihadistes ou d'autres groupes armés qui pourraient en profiter pour développer leurs activités. L'armée et la police deviendraient alors plus vulnérables.
Pour Jean-Paul Rouiller, chercheur au Centre de politique de sécurité de Genève, les groupes terroristes profitent toujours des faiblesses de l'Etat :
"Une fois l’épidémie enraillée, avec toutes les conséquences qui vont suivre, imaginer les djihadistes qui se décident à se présenter comme la solution pour ramener l’ordre, après justement le déclenchement d’éventuelles émeutes."
Le chercheur Jean-Paul Rouiller du GCSP estime que : "la possibilité qu’ils essaient de tirer profit de la faiblesse de l’Etat malien (par exemple) pour se positionner, est quelque chose qu’on doit envisager pour l’après coronavirus."
Déjà, la terreur se poursuit malgré l’épidémie de coronavirus. Il y a une semaine, des attaques de bases militaires au Tchad par des djihadistes appartenant au groupe Boko Haram ont fait une centaine de morts au sein de l’armée tchadienne.