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Des armes seulement pour des guerres propres ?

24 janvier 2018

L'Allemagne affirme contrôler à quoi sont utilisées les armes qu'elle vend. Polémique après des photos de chars allemands "Leopard" utilisés en Syrie par l'armée turque.

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Image : Reuters

L'Allemagne est la reine de l'exportation. Et les affaires vont bien aussi pour ce qui est de la vente d'armement à l'étranger. Le gouvernement est ainsi sous le feu de la critique depuis que des images ont été publiées, montrant que des chars de facture allemande étaient utilisés par l'armée turque pour combattre des milices kurdes. Le gouvernement, lui, maintient qu'il veille à ne pas vendre n'importe quoi à n'importe qui et qu'il contrôle l'utilisation prévue du matériel militaire qu'il exporte.

34 millions de ventes à la Turquie

L'Allemagne a vendu pour plus de 34 millions d'euros d'armement à la Turquie l'année dernière, malgré les tensions entre les deux Etats. C'est deux fois moins qu'en 2016, mais déjà une somme importante.

YPG Syrien Soldatin mit Klaschnikow
Image : DW/M. Aqil

La Süddeutsche Zeitung revient sur le "nœud kurde", rappelant les agissements parfois terroristes du PKK, le parti pro-kurde, dont la milice YPG que la Turquie combat en Syrie est un bras armé.

Mais le journal estime que l'incursion turque sur le sol syrien risque d'engendrer un bain de sang. La SZ écrit qu'il est problématique que l'armée turque publie des photos de chars allemands pour impressionner ses ennemis, oui mais voilà : la Turquie est membre de l'OTAN depuis 65 ans, en dépit de tous les putschs militaires, ainsi l'ont voulu les Etats-Unis et l'Europe.

Sigmar, arrête ton char

A côté de cet édito, la SZ publie une caricature qui montre de hauts gradés de l'armée turque en train d'admirer des chars allemands exposés derrière une barrière de sécurité comme dans un zoo et agrémentés d'un panneau "Panzer de type Leopard, matériel militaire, ne PAS utiliser en zone de guerre". Une façon de se moquer de l'assurance donnée par le gouvernement allemand qui prétend veiller au bon usage des armes qu'il vend, comme si elles n'étaient pas destinées à faire la guerre, comme s'il y avait des guerres plus propres que d'autres.

Deniz Yücel
Deniz Yücel dans une émission télévisée en juillet 2016Image : picture-alliance/Eventpress/Stauffenberg

Die tageszeitung raille aussi le chef de la diplomatie allemande. Dans ses rêves, Sigmar Gabriel prend l'Airbus gouvernemental pour Istanbul, on lui remet l'otage germano-turc Deniz Yücel sur le tarmac, il rentre triomphalement à Berlin et des voitures l'escortent jusqu'au quartier de Kreuzberg. Ça, c'est dans ses rêves.

Deniz Yücel comme moyen de pression

La taz reconnaît que le ton plus dur de Sigmar Gabriel était le bienvenu quand il  a succédé au consensuel Frank-Walter Steinmeier. Mais sa proposition de faire de la libération du correspondant du journal « Die Welt » Deniz Yücel la condition préalable à la vente d'armes à la Turquie, au lieu de faire pression par des moyens diplomatiques ou des sanctions économiques, au mieux c'est osé, mais c'est surtout présomptueux, écrit la taz, qui publie chaque jour un encart pour réclamer la libération de Deniz Yücel.

D'ailleurs le prisonnier a déjà indiqué qu'il n'était pas prêt à servir de monnaie d'échange dans des deals douteux.

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Le groupe parlementaire de l'AfD au BundestagImage : picture alliance/AP Photo/M. Schreiber

Quand l'AfD détient les cordons de la bourse

Un mot pour finir de la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui s'interroge sur le fait qu'un député de l'AfD, le parti populiste de droite désormais principale force d'opposition, ait obtenu la présidence de la commission du budget, au Bundestag.

Pourquoi cette commission plutôt qu'une autre moins "sensible", comme les transports ? Comment se fait-il qu'un député du même parti ait été exclu de l'équipe de foot du Bundestag, mais que l'AfD obtienne tant de responsabilités ?

D'un autre côté, rappelle la FAZ, une députée d'extrême gauche avait déjà assumé de telles fonctions sans mettre en péril l'ordre constitutionnel. Et le journal de rappeler la solidité des institutions allemandes qui en ont déjà vu d'autres.