Côte d'Ivoire : le travail des enfants dans les plantations
23 octobre 2023En Côte d'Ivoire, en ce début de rentrée scolaire et de campagne cacaoyère, les forces de l'ordre, gendarmes et policiers, conduisent des contrôles dans les exploitations de cacao afin de réprimer le travail des enfants.
La région de Méagui, située à 360 kilomètres d'Abidjan, est l'une des plus grandes zones agricoles de Côte d'Ivoire et c'est également l'un des territoires les plus touchés par le travail des mineurs.
Des zones forestières reculées
Les vastes plantations de cacao de la région de Méagui, dans le sud-ouest de la Côte d'Ivoire, se situent dans des zones forestières reculées. Cette partie du pays concentre un quart de la production nationale de cacao. Et souvent, des enfants y travaillent.
Salif Ouédraogo, 14 ans, est l'un d'entre eux. Il occupe ses journées à cabosser le cacao pour en extraire les fèves. Ce travail dangereux est interdit aux mineurs.
C'est son oncle qui l'emploie dans cette plantation. Ils sont tous les deux interpellés par les forces de l'ordre. C'est ce que nous explique un gendarme : "Nous allons retirer les enfants de ces sites-là. On va entendre les parents et puis ceux qui les emploient. On les conduit devant le procureur. Mais ces enfants, on les retire carrément du système.''
Des enfants qui travaillent dur
Salif Ouédraogo sera conduit à Soubré, à 71 kilomètres de Meagui, dans un centre spécialisé qui accueille des dizaines d'enfants comme lui. Son histoire est classique : "J'étais à Gagnoa [dans l'ouest du pays], raconte l'adolescent, et puis mon papa est parti au Burkina et il m'a laissé seul à la maison. C'est là que mon oncle est venu me prendre, pour venir l'aider, pour transporter le cacao et pour cabosser.''
Beaucoup des enfants qui travaillent dans les plantations de cacao ivoiriennes sont Burkinabè. Ils ont souvent été confiés par leurs parents à un proche ou une connaissance qui s'était engagé à les scolariser en Côte d'Ivoire.
Mais une fois arrivés ici, leurs nouveaux tuteurs les font travailler comme ouvriers dans les plantations de cacao.
Les champs en lieu et place d'école
A la brigade de gendarmerie, les jeunes victimes, désormais libres, seront conduites à Soubré pour apprendre un métier. Au nombre des enfants trouvés par les forces de l'ordre, se retrouve aussi Jacqueline. Elle a 16 ans, mais elle n'est jamais allée à l'école car sa grand-mère avait besoin d'elle aux champs.
"Quand nos camarades partaient à l'école, elle voulait nous y mettre. Mais il n'eb avait pas les moyens. Donc elle n'avait pas d'autre choix que de nous envoyer aux champs'', explique la jeune fille.
Comme Jacqueline, 90% des cas de travail d'enfants se font au sein de la famille et s'accompagnent de leur déscolarisation.
Evolution des mentalités
A Téreagui, les autorités semblent pourtant avoir réussi à changer les mentalités de certains habitants, majoritairement producteurs de cacao. Pascal Assemien est l'un d'entre eux et il affirme qu'il ne fait pas travailler ses enfants :
"Moi, à l'époque, quand j'avais entre cinq à dix ans, je partais aux champs avec mon papa. Mais aujourd'hui, non. C'est condamné, aujourd'hui. Mes enfants ne vont pas aux champs avec moi. Les enfants, je les ai tous mis à l'école.''
Selon un rapport de la Fondation Initiative internationale pour le cacao, datant de 2019, entre 300.000 et un million d'enfants travailleraient dans les plantations ivoiriennes.
Cette situation oblige les autorités à maintenir en place le plan d'action nationale à travers des campagnes de sensibilisation dans toutes les zones de production de cacao.
Les producteurs qui utilisent les enfants dans les plantations, ou sont responsables de la traite des enfants, encourent de dix à vingt ans de prison.