L'Irlande ne veut pas de migrants venant du Royaume-Uni
29 avril 2024Le ton monte entre l’Irlande et le Royaume Uni à propos de la crise migratoire.
L’adoption par le Parlement britannique d’un projet de loi permettant l’expulsion vers le Rwanda de demandeurs d’asile pousse ces derniers à essayer de rejoindre l’Irlande, ce qui inquiète Dublin.
D’après le gouvernement irlandais, 80 % des récentes arrivées d’étrangers en situation irrégulière ont eu lieu par la frontière terrestre entre la province britannique d’Irlande du Nord et la République d’Irlande.
Craignant d'être expulsés au Rwanda depuis le Royaume-Uni, les migrants cherchent donc à rejoindre l'Irlande, où la situation devient inquiétante.
"La première chose à dire est que chaque pays a le droit d'avoir sa propre politique migratoire. Mais je n'ai certainement pas l'intention de laisser la politique migratoire d'un autre pays affecter l'intégrité de la nôtre. Et notre pays n'offrira en aucun cas une échappatoire aux défis migratoires de qui que ce soit d'autre. C'est très clair. D'autres pays peuvent décider de la manière dont ils souhaitent faire progresser l'immigration. Du point de vue irlandais, nous avons l'intention de mettre en place un système ferme fondé sur des règles, où les règles sont en place, où les règles sont appliquées et où les règles sont perçues comme étant appliquées", estime le Premier ministre irlandais, Simon Harris.
Une nouvelle loi en vue
Le Premier ministre irlandais a en outre souligné que sa ministre de la Justice présenterait, ce mardi 30 avril 2024, au gouvernement, ses propositions pour mettre en œuvre une nouvelle politique pour renvoyer des migrants au Royaume-Uni.
La ministre irlandaise de la Justice a déjà donné le ton.
"En choisissant le Brexit, le gouvernement britannique a choisi de faire cavalier seul en matière de migration. Ce qu'il a constaté depuis, c'est une augmentation du nombre de demandeurs d'asile dans son pays. Leurs politiques sont leurs politiques. En tant que ministre de la Justice, mon objectif est de veiller à ce que nous disposions d'une structure et d'un système de migration qui fonctionne. C'est pourquoi j'ai mis en place une procédure rapide pour répondre à l'augmentation du nombre de demandeurs d'asile", dit Helen McEntee.
Montée des violences
L’Irlande, pays de cinq millions d’habitants et membre de l’Union européenne, fait face ces derniers mois à de fortes tensions au sujet des migrants avec une multiplication de manifestations de rues souvent violentes.
Du côté britannique, le gouvernement estime qu’il n’est pas disposé à accepter le retour des demandeurs d’asile en provenance de l’Irlande.
Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a annoncé la semaine dernière que les premiers vols vers le Rwanda auraient lieu dans dix ou douze semaines, mettant ainsi la pression sur les migrants.
Rishi Sunak se réjouit.
La loi sur l’expulsion des clandestins a déjà un effet dissuasif puisqu’ils commencent à quitter le Royaume Uni pour d’autres destinations, a-t-il affirmé.