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COP 27 : le bloc africain doit parler le même langage

13 novembre 2022

Alors que la conférence sur le climat entre dans sa seconde semaine, les espoirs et les attentes d'un militant écologique congolais qui a fait le voyage en Égypte.

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Paysage de l'est de la République démocratique du Congo
Les pays les plus affectés par le changement climatique réclament aux pays industrialisés des fonds pour les pertes et dommages subis à cause du changement climatiqueImage : picture-alliance/AP Photo/M. Gouby

En Égypte, les délégués de la COP27 entament leur seconde semaine de négociations. Ils ont encore jusqu'au 18 novembre pour tenter de donner un nouveau souffle à la lutte contre le réchauffement de la planète.

José Aruna préside la société environnementale en province du Sud-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo. Il est en Egypte depuis le début de la COP27 et en tant que représentant de la société civile, il espère bien pouvoir faire pression sur les délégués de cette conférence

Retranscription de l'interview

'Nous ne voyons pas de progrès significatifs' (José Aruna) - MP3-Stereo

José Aruna : La première semaine de la COP, que j'appelle une COP purement africaine, est que l'Afrique voudrait aller dans une démarche sur des solutions climatiques adaptées, à l'africaine. Maintenant, il se pose des questions liées à ceux qui doivent donner les moyens au niveau des pays développés. Ils sont en train de marquer le pas dans de grandes décisions qui peuvent contribuer à faire marcher les accords de Paris. Nous ne voyons pas de progrès significatifs entre ce que nous appelons les grands pollueurs, pour permettre que l'Afrique soit, quand même, dédommager par les pays développés.

DW : Alors cette question du dédommagement, elle a été inscrite à l'agenda pour la première fois. Est-ce que vous avez l'impression que c'est juste un effet d'annonce ou est ce que ça va donner quelque chose ? 

José Aruna : Jusque là, nous continuons de déclarer que le dédommagement doit être faitparce que l'Afrique ne doit pas toujours être considérée comme un laboratoire ou comme une poubelle ou que tous les effets liés à la pollution et à la destruction de l'atmosphère, que ce soit les Africains qui souffrent davantage. C'est en Afrique où il y a des solutions idéales, fondées sur la nature, fondée sur les connaissances des peuples autochtones et des peuples indigènes qui protègent les forêts, les zones à tourbières et consorts. Jusque là, il y a encore des doutes par rapport à l'engagement de ceux qui ont les moyens, ils vont changer leur position. Nous espérons.

DW : Vendredi (11.11.2022), il y a un invité important qui fait une escale en Égypte. Il s'agit de Joe Biden, le président américain. Est-ce que vous attendez beaucoup du passage de Joe Biden?

José Aruna : Oui, bien sûr. Nous pensons que les Etats-Unis devraient quand même diluer ce langage de résistance entre certains blocs comme le G7 et autres. Nous voulons des actions concrètes et des compensations en termes de dommages que l'Afrique est en train de subir. Si l'Afrique ne participe pas à l'action à travers les moyens donnés par ceux qui polluent, nous nous conduisons directement à l'extinction.

Attentes pour la seconde semaine de la COP27

'Protéger la forêt du bassin du Congo, c'est sauver l'humanité' (José Aruna)

José Aruna : Voir comment les grands bailleurs de fonds doivent travailler directement avec la société civile africaine, au niveau des terrains. Et c'est cela nos attentes. Et nous pensons que comme cette COP est purement africaine, nous pensons qu'ils vont essayer de réduire un peu le mécanisme d'accès aux moyens financiers et le rendre un peu souple, aux États et à la société civile dans sa globalité, afin d'agir dans toutes ses dimensions.

DW : Monsieur Arouna, vous représentez la République Démocratique du Congo et même l'Est de la RDC. Est-ce que vous avez des attentes spécifiques aussi pour votre région ?

José Aruna : Je suis venu pour soutenir la position de mon pays avec tout ce que nous avons comme potentiel forestier dans le bassin du Congo. Ça ne doit pas passer inaperçu. Avec tout ce que nous avons comme potentiel en termes de minerais stratégiques, cela doit contribuer à la transition énergétique et abandonner les énergies fossiles. Les tourbières que nous avons en RDC ne doivent pas passer inaperçues au regard des autres nations du monde parce que nous constituons en même temps une solution. Et si cette solution n'est pas accompagnée, c'est une bombe à retardement ! Voilà pourquoi, nous disons toujours protéger la forêt du bassin du Congo, c'est sauver l'humanité.

DW : Vous représentez une région très stratégique. Vous parliez à l'instant des minerais et des ressources naturelles. On sait bien qu'elles sont l'objet de grandes convoitises, ne serait-ce qu'avec les voisins de la RDC. Est ce que là, pendant les quelques jours où vous êtes en Égypte, vous avez eu aussi des échos concernant des possibles dissensions?

José Aruna : Oui, il y a des conflits. Les conflits sont liés à l'accès aux ressources minérales et consorts dans la sous-région. Mais, nous conseillons à nos présidents africains, pour ce moment, quand on est en face de blocs européens, de blocs asiatiques et de blocs africains, ils doivent tous d'abord conjuguer le même langage. Ces conflits ne sont pas bénéfiques pour le développement de l'Afrique et les peuples, en soi, n'ont pas de conflit entre eux. Mais ce sont les Etats et les politiques qui nous mettent dans des situations très complexes. Et c'est le plus petit paysan qui est en train de souffrir. L'Afrique doit avoir un même langage et nous espérons que les Africains sont en train de parler le même langage.