La justice internationale se prononce sur la guerre à Gaza

La Cour internationale de Justice s'est prononcée ce vendredi 26 janvier sur les ordonnances d'urgence concernant la guerre à Gaza, après avoir été saisie par l'Afrique du Sud.

Que dit la Cour ? 

Cette Cour, qui traite les différends entre pays, avait été saisie par l'Afrique du Sud, qui accuse Israël de "génocide". Aujourd'hui, les juges ont donc rendu une première décision, sans se prononcer sur les accusations de génocide, mais en demandant à Israël d'assurer l'accès à l'aide humanitaire à Gaza. Israël doit prendre "des mesures immédiates et efficaces pour permettre la fourniture des services de base et de l'aide humanitaire dont les Palestiniens ont un besoin urgent", ont dit les juges. La Cour demande aussi à Israël de tout faire pour "empêcher" des éventuels actes de "génocide", reconnaissant donc par cette phrase un risque de génocide. 

La Cour se prononce ainsi positivement sur une partie des neuf "mesures conservatoires", des ordonnances d'urgence, c'est le terme technique, que l'Afrique du Sud lui demandait d'imposer à Israël. En revanche, elle ne demande pas, comme le voulait Pretoria, de suspension des opérations militaires israéliennes à Gaza. 

Pourquoi ce n'est qu'un début ? 

Ce vendredi, la Cour ne s'est pas prononcé sur le fond de l'affaire : la question de savoir si Israël pourrait avoir commis des actes de "génocide" à Gaza sera décidée dans un second temps, probablement dans plusieurs années. Les jugements rendus aujourd'hui ne devraient donc pas changer beaucoup de choses à court terme, la Cour n'ayant aucun moyen coercitif de faire appliquer ses décisions. En 2022, les juges avaient ainsi ordonné à la Russie de suspendre ses opérations militaires en Ukraine, sans rien changer au cours de la guerre. 

Comment réagissent Israël et le Hamas ? 

Israël a déjà rejeté les préconisations de la justice internationale. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu qualifie de "scandaleuses" les accusations de génocide, et assure qu'Israël continuera sa lutte contre le Hamas. "Comme tout pays, Israël a le droit inhérent de se défendre", a dit le Premier ministre. "L'ignoble tentative de priver Israël de ce droit fondamental est une discrimination flagrante à l'encontre de l'Etat juif, et elle a été rejetée à juste titre."

Le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par l'Union européenne, a salué un "développement important".

Que dit l'Afrique du Sud ? 

"Victoire décisive (...) et étape importante pour la quête de justice pour le peuple palestinien", réagit de son côté Pretoria qui a déposé ce recours. En Afrique du Sud, l'ANC au pouvoir, en congrès ce vendredi, a interrompu ses travaux pour écouter l'audience de La Haye. "Aujourd'hui, Israël se tient face à la communauté internationale, ses crimes contre les Palestiniens exposés au grand jour", a dit ensuite Cyril Ramaphosa dans une adresse télévisée.

De son côté la diplomatie allemande se dit "extrêmement préoccupée" par la "situation désespérée" des civils sur place. La ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a réclamé une nouvelle fois la libération des otages israéliens retenus par le Hamas ce vendredi.

Quelle est la situation sur le terrain ? 

En attendant, sur le terrain, la guerre se poursuit. A Gaza, le ministère de la Santé, contrôlé par l'organisation islamiste Hamas, a annoncé que le nombre de morts dans l'enclave dépassait désormais les 26.000 ce vendredi. Dans le sud de Gaza, des milliers de civils ont fui ces derniers jours la grande ville de Khan Younès, théâtre de combats acharnés. L'armée israélienne pourrait poursuivre son offensive jusque dans la ville.