Azali Assoumani, l’ex-putschiste réélu président des Comores
18 janvier 2024Malgré les contestations de ses opposants, il s’apprête à effectuer un quatrième mandat consécutif de cinq ans à la tête des Comores, un archipel de l’océan Indien.
Gwa Ndzima ! Ce slogan de campagne d’Azali Assoumani, qui signifie « un coup chaos » en langue shingazidja, a fini par porter ses fruits, d’après les résultats provisoires du premier tour du scrutin présidentiel.
Il a été réélu au premier tour avec 62,97% des voix mais avec seulement 16,30% de participation, selon les chiffres officiels annoncés.
Face à une opposition divisée qui dénonce des fraudes électorales et bourrages d’urnes en complicité avec l’armée, Azali Assoumani ironise : "Si tu es vaincu aux élections, ne crie pas à la fraude, même si elle se révèle vraie. Car si on t’a volé, c’est par la volonté de Dieu".
L’ancien militaire garde le pouvoir
L’ancien militaire putschiste est arrivé la première fois au pouvoir à l’issue d’un coup d’Etat, le 30 avril 1999. Elu président de l’Union des Comores en 2002, il revient au pouvoir en 2016, puis en 2019. Il va désormais se maintenir à la tête des Comores jusqu’en 2029.
Azali Assoumani s’est fait aussi connaître pour ses déclarations violemment antisémites. En août dernier, lors de l’inauguration d’une mosquée à Anjouan, il a ainsi évoqué, je cite, les « maudits juifs » qui « sont les maitres du monde » et « se tiennent tapis dans l’ombre ».
Azali Assoumani, n’hésite aussi pas à démettre de leurs fonctions ou à faire arrêter tous ceux qui lui font ombrage : des hauts fonctionnaires aux opposants.
"J’ai voté pour lui en 2016. Je dois le dire. Je n’ai jamais entendu le président Azali dire du bien de ses proches. Même quand il a la légitimité, il pense toujours que ses collaborateurs doivent être des gens qui lui sont soumis et non des gens qui vont lui apporter un savoir-faire, de l’expérience ou des connaissances", a déclaré Mohammed CHADAMA, ancien président du parlement et président de l’association de défense des consommateurs.
L’arme de la modification de la Constitution
Azali Assoumani a aussi su utiliser l’arme de la modification de la Constitution afin de se maintenir au pouvoir.
Deux ans après sa prise de pouvoir par la force, en décembre 2001, il avait fait adopter par référendum une nouvelle Constitution qui instaurait une présidence tournante. En 2018, il avait aussi fait passer une réforme constitutionnelle permettant une centralisation des pouvoirs par l’exécutif.
Aux Comores, 45% de la population vit sous le seuil de pauvreté avec une hausse drastique des prix des denrées alimentaires.
Malgré ce bilan très critique, la présidence d’Azali Assoumani est marquée par de bonnes relations avec les autres pays. A 65 ans, ce fils d’une famille d’agriculteurs de Mitsoudjé, une localité située dans le sud de l’île de Grande Comores, occupe ainsi jusqu’en février la présidence tournante de l’Union africaine.