Chute du Mur de Berlin : les conséquences pour l'Afrique
11 novembre 2019L'ex-Allemagne de l'Est, la RDA, soutenait en Afrique des pays ou organisations pour "construire le socialisme" mondial. Il y avait des accords commerciaux, des programmes de formation et d'échanges et même une coopération militaire.
Markus Meckel, tout dernier ministre des Affaires étrangères de RDA durant quelques semaines après la chute du Mur, se souvient. "Il y a eu une tentative de la RDA de mener une politique de développement différente de la politique nord-sud des pays capitalistes. Mais force est de constater que cela ne reposait pas sur grand-chose. Les évolutions positives étaient certes proclamées mais loin d'être une réalité. C'était un transfert idéologique, mais aussi un transfert de structures. C'est la RDA qui a bâti le système répressif en Ethiopie. Même chose à Cuba. Alors on ne peut vraiment pas dire qu'il s'agissait de modèles plus justes que ceux de l'occident."
Les blocs occidental et soviétique se sont livrés plusieurs guerres par procuration dans des pays du continent africain.
Une recomposition de l'échiquier mondial
A la chute du Mur, les alliances sont bouleversées. Certains pays en guerre, comme l'Angola ou le Mozambique, y trouvent l'occasion d'entamer des pourparlers de paix. "La chute du Mur de Berlin a réduit les possibilités de nombreux Etats africains qui faisaient jouer la concurrence entre le système occidental et le système communiste. Ils menaçaient l'un de se tourner vers l'autre si jamais ils n'obtenaient pas satisfaction. Ils jonglaient entre les donateurs", explique le Dr. Berthold Unfried, professeur à l‘université de Vienne.
Un changement de vie du jour au lendemain
Au niveau individuel, près de 20.000 étudiants et travailleurs venus d'Afrique vivaient en RDA à la fin des années 1980.
Au moment de la chute du Mur puis de la réunification allemande, la plupart d'entre eux ont dû abandonner leur vie, leurs amitiés, leurs amours en Allemagne.
C'est ce qui est arrivé au Mozambicain Adelino Massuvira João, qui avait 28 ans à l'époque. "Avec la chute du Mur, on a perdu notre emploi. Les entreprises nous ont licenciés, on s'est retrouvé à la rue. Rapidement, on a compris que la plupart d'entre nous devraient rentrer au Mozambique."
Aujourd'hui encore, les travailleurs étrangers en RDA ont du mal à faire valoir leurs droits – comme celui au versement d'une pension – étant donné que l'Etat avec lequel ils avaient signé leur contrat a disparu en 1990.