Quand la double nationalité fait débat en Centrafrique
12 juillet 2023L'une des dispositions du texte prévoit que ne sont pas autorisés à se présenter à l'élection présidentielle les Centrafricains qui possèdent la double nationalité. Or, bon nombre de futurs candidats ont justement cette double nationalité.
" Seuls les Centrafricains d'origine peuvent être candidats aux élections nationales ", selon l'article 183 du texte de la nouvelle Constitution. Beaucoup se voient donc exclus des futures échéances électorales.
Un faux débat?
Pour Jean-Pierre Mara, ancien député de la sixième législature et opposant indépendant, les Centrafricains ayant la double nationalité ne l'ont pas choisie. Il dénonce cette disposition.
"C'est vrai que toute Constitution peut être révisée, chaque peuple peut toujours réécrire sa Constitution, mais ce qui est en train de se passer est une violation contre le peuple centrafricain. Touadéra est en train de mener un combat contre le peuple centrafricain parce que la plupart des leaders de l'opposition ont la double nationalité et ils n'ont pas choisi d'être binationaux, ils ont la double nationalité parce qu'ils sont nés sous l'Oubangui Chari, quand l'Oubangui Chari était français" estime-t-il.
Cette disposition du projet de la nouvelle Constitution va empêcher les candidats de se présenter en 2025, si le texte venait à être adopté lors du prochain référendum.
Pour Désiré Dominique Erenon, professeur de droit et constitutionnaliste, cette disposition serait en réalité un faux débat. Selon lui : "La double nationalité n'a jamais posé un problème en République centrafricaine. La preuve aujourd'hui, le président de l'Assemblée nationale est binational. Il a la nationalité centrafricaine et française. Il y a bon nombre de ministres dans le gouvernement de Touadéra qui sont binationaux et qui sont dans son parti politique".
"Des textes clairs"
Le ministre centrafricain de la Communication et porte-parole du gouvernement, Serge Ghislain Djorie, affirme ne pas comprendre les agissements de l'opposition. Pour lui, les textes de la République sont clairs et visent à protéger les intérêts des Centrafricains.
"Si l'opposition s'agite pour dénoncer l'article qui protège le peuple centrafricain pour participer au processus électoral ou candidater pour la présidence, je pense qu'il faut se poser des questions. Moi, personnellement, je suis Centrafricain, mon père est Centrafricain, avant 1960, il est Centrafricain. Et il est d'origine centrafricaine, je peux le prouver. Il n'a pas autre nationalité que la nationalité centrafricaine. Les textes sont clairs, on ne peut pas ouvrir le débat sur cela, c'est la question de la survie de notre nation et des institutions que nous devons léguer à ceux qui vont nous succéder " explique-t-il à la DW.
Le référendum pour valider la nouvelle Constitution est prévu en Centrafrique le 30 juillet prochain