Centrafrique : la parole aux victimes
13 décembre 2018Jean-Balthazar est Banguissois. Lui qui arbore aujourd'hui une belle chemise à fleurs confie que sa famille a été assassinée en 2014 pour une histoire de moto, dans le 4ème arrondissement de la capitale, par un groupe d'anti-Balaka.
Alors, forcément, lorsqu'il a appris l'arrestation, mercredi (12.12.2018) à Paris, de leur coordinateur Patrice-Édouard Ngaïssona, Jean-Balthazar n'a pas caché sa joie.
"Je suis très content de la justice. Nul n'est au dessus de la loi. Elle est toujours souveraine. Comme il est le chef, il doit assumer la responsabilité des faits qui se sont produits dans le pays. Donc c'est normal qu'on l'arrête. Nul n'est au dessus de la loi. »
Mais il y a un souci. Dans la bouche des Centrafricains, cette arrestation n'est pas une victoire en soit. Le désir de parité revient comme un leitmotiv.
"Ce qui me déplaît, explique ainsi Jean-Bathazar, c'est que la justice doit être équitable. Des deux côtés. Il y a aussi des victimes côté Seleka."
C'est le cas de Rosalie, 55 ans, qui a fui la ville de Batangafo à l'arrivée de la Séléka, il y a cinq ans. Pour elle, la balance de la justice doit être rééquilibrée. Des leaders de groupes rebelles issus de l'ex-Séléka doivent être arrêtés.
"Ce n'est pas bien d'arrêter Monsieur Ngaïssona. C'est grâce à lui qu'aujourd'hui les Centrafricains ont eu un peu de paix en Centrafrique", affirme Rosalie.
"S'il est arrêté, on doit aussi arrêter Al Khatim, Nourredine, on doit arrêter les chefs rebelles Séléka et Balaka. Il faut une table ronde, que l'on mette fin à tout ce qui se passe en Centrafrique."
Pour Enock-Fortune Binguide, président de l'association de victimes, il est impératif que cette parité soit respectée.
Il déplore le fait que les chefs de groupes armés se déplacent dans de belles voiture achetées avec de l'argent volé et redoute aujourd'hui que des cellules anti-Balaka se réveillent pour exprimer leur mécontentement.