RCA : apprendre un métier pour sortir de la guerre
11 juin 2021A Ngoulekpa, un grand site aménagé par l'ONG allemande, Welthungerhilfe, Marlène Kotté Ndoubanon travaille la terre.
Elle fait partie de ces nombreux jeunes qui tentent de transformer positivement les années sombres de la guerre civile qui a déchiré la RCA.
"Mes activités de jardinière ont beaucoup influencé ma vision de la vie. Je vis de ça et je nourris ma famille. J'ai tout le bonheur dans cette activité. Le jardinage, c'est une activité agricole à courte durée de rendements. Tu peux le faire et gagner ta vie mais tout cela dépend de la spéculation des prix sur le marché. C'est le cas de l'aubergine, j'ai fait les pépinières après deux mois et je passe maintenant à la phase de récolte".
Considérée comme un modèle de succès dans sa communauté, Marlène n'est cependant pas un cas isolé.
Après six mois d'apprentissage Gustave Nganafio ne veut également pas s’accrocher à son passé.
"J'ai appris au centre et j'ai fini mes formations en six mois. Je mets en pratique ce que j'ai appris en essayant de mettre en valeur l'espace qui m'est attribué. J'ai trouvé ce qu'il faut après ma formation. Vous voyez, là, ce sont des solanums. Je fais les récoltes tous les trois jours."
Le solanum est très prisé à cause de ses vertus et les commerçantes affluent de partout pour s'en approvisionner et faire des profits en les vendant sur le marché.
Une source de motivation pour Gustave Nganafio, qui n'hésite pas de transmettre son savoir-faire aux jeunes.
"J'ai pris à mes côtés des jeunes auxquels je transmets mon savoir à travailler la terre, car ce que j'ai appris ne doit pas rester uniquement à mon niveau. Je les ai appris comment faire le jardin, l'entretenir et aujourd'hui, ils sont indépendants et font leurs propre jardins."
Alexis Mbetigaza coordonnateur du centre nous explique comment s'effectue le suivi des jeunes apprenants.
"C'est un centre de formation professionnelle agricole qui forme les jeunes aux petits métiers agricoles à savoir l'apiculture, le maraichage, l'aviculture et la pisciculture."
Faire le bon choix
"Nous recrutons les jeunes âgés de 18 à 35 ans, on les installe et on veille directement sur leur parcelle où ils apprennent à mettre en œuvre ce qu'ils ont appris au Centre. Cela leur permet de finaliser leur apprentissage au niveau communautaire."
A Ngoulekpa, c'est toute une nouvelle vie qui se créée désormais avec une école et un marché communautaire qui symbolisent un carrefour d'échanges entre les populations de Bangui et celles des localités environnantes.
Une politique qui permet la consolidation de la paix par l'autonomisation socioéconomique dans le milieu jeune, comme l'explique Emmanuel Octave Bananeza, directeur pays de Welthungerhilfe qui porte le projet.
"On a trouvé que les jeunes étaient désœuvrés et c'est là qu'est née l'idée de formation aux jeunes qui ont besoin d'apprendre un métier afin de gagner leur vie. Ce centre transmet des connaissances sous forme d'autofinacement. C'est ça notre vision d'avenir et nous voulons aussi diversifier les filières de formations et encourager les jeunes femmes à venir ici. Notre objectif est de transformer ce lieu en un centre de référence. Mais nous avons besoin de moyens, nous avons jusque-là que deux financements du gouvernement allemand."
En Centrafrique, les jeunes représentent plus de 70% de la population. Leur implication dans la crise fratricide qui déchire le pays est impressionnante et s'explique parfois par le manque d'emploi et la pauvreté.
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